L’ENTREPRISE DE DEMAIN

Par Loïc TRIBOT LA SPIERE, Délégué général du CEPS
Article paru dans la Revue des Commissaires aux comptes – Juin 2014
 
Une entreprise est à l’image de tout regroupement humain. C’est un corps social en mouvement, une exigence d’adaptation en continu. L’entreprise d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle d’il y a cinquante ans. Les outils, les marchés, les besoins, les modes de consommation, les rapports d’autorité au sein de l’entreprise ont très substantiellement évolué. Ces dix dernières années ont été plus riches en changement que les soixante-dix années précédentes.
 
L’entreprise de demain se devra d’être encore plus « sensorielle » qu’aujourd’hui. Il lui faudra être capable de se transformer encore plus rapidement. En un mot, de traquer et d’anticiper les tendances qui font et feront son nouvel environnement, son nouveau marché. Mais elle devra aussi être plus avant-gardiste, plus innovante dans son approche client. Elle devra anticiper les attentes de ses clients, de plus en plus exigeants. Penser, suggérer, proposer des services, des solutions, faiblement ou non perçus par son client. Mais aussi, le surprendre, en répondant certes à ses besoins, tout en lui proposant des innovations qui contribueront à faire évoluer son offre, à assurer voire à pérenniser son développement.
 
L’entreprise de demain, face à une concurrence farouche, devra fidéliser subtilement sa relation client en se positionnant en véritable partenaire de croissance.
 
L’entreprise de demain sera « glocale ». Si elle souhaite pleinement s’intégrer, se développer, voire survivre dans un environnement concurrentiel mondialisé, elle devra être internationale, sans perdre de vue les spécificités et les opportunités locales. Il lui faudra rechercher avec encore plus de discernement les meilleures compétences, les ressources, sans a priori. Les vraies réponses pourront même parfois être locales. L’expatriation industrielle ne saurait en effet être l’unique réponse en matière de compétitivité.
 
L’entreprise de demain devra être encore plus qu’hier extrêmement mouvante et savoir se transformer radicalement afin de rester compétitive, voire d’élargir sa sphère d’activités et ses parts de marché. L’appropriation plus poussée et l’incessante montée en puissance des technologies issues du web vont modifier le temps de l’entreprise et la contraindre à des adaptations permanentes qui auront des incidences sur tous les centres de décision et d’exécution de l’entreprise. Ces adaptations imposeront de veiller plus qu’aujourd’hui à mettre en place des outils et des méthodes permettant aux salariés de se les approprier. Les enjeux seront multiples. Il conviendra de renforcer et de développer les attitudes et les comportements en matière de réseau, de redéfinir l’organisation, de déployer des logiques transverses, et de concevoir et mettre en place de nouveaux usages. L’accélération et le développement des offres robotiques devraient aussi permettre de repenser les structures d’élaboration et de production des entreprises avec, pour conséquence, de diminuer la présence humaine à de nombreux postes. L’enjeu est clair : concevoir des usines d’un type nouveau !
 
L’entreprise de demain devra en cela être d’autant plus flexible, en mettant l’innovation technologique au service de sa réorganisation et de ses salariés. Le défi sera d’ordre social. Il s’agira pour l’entreprise de démontrer sa compréhension et sa capacité d’adaptation aux exigences nouvelles, et croissantes, de ses collaborateurs, via notamment la prise en compte d’une meilleure conciliation des sphères professionnelle et personnelle. De nouveaux modes d’organisation du travail devront être pensés, en lien étroit avec une veille attentive sur les potentialités permises par les technologies de l’information et de la communication (généralisation du télétravail, modularité du réseau social d’entreprise…).
 
L’entreprise de demain sera par conséquent humaine ou ne sera pas ! Les évolutions technologiques, les efforts incessants d’adaptation demandés mettront de plus en plus sous tension les managers et les salariés. Ces nécessaires et indispensables évolutions imposeront plus qu’hier de prendre en compte le facteur humain, de replacer l’Homme au cœur de l’entreprise.
 
Pourquoi en effet s’impliquer, s’engager au sein d’une entreprise qui se compose, recompose au gré des circonstances et dont la feuille de route est difficilement compréhensible pour ceux qui font la société au quotidien ? Des efforts devront être faits pour rendre aux femmes et aux hommes leur « statut de collaborateur ». Reconnaître, estimer, valoriser ceux qui s’impliquent : une impérieuse nécessité car de plus en plus, on constate que le don de soi ne va plus de soi.
 
En résumé, l’entreprise de demain devra être responsable. Ce ne sera que par une meilleure appréhension de la diversité de ses parties prenantes et de la nécessaire combinaison de leurs enjeux respectifs que l’entreprise parviendra à légitimer son action économique sur un territoire donné. Qu’ils soient collaborateurs, clients, concitoyens ou législateur, tous attendent de l’entreprise de demain qu’elle dépasse une vision univoque et autocentrée, et fasse de sa vocation naturelle de création de valeur économique le vecteur efficient d’une plus grande cohésion sociale.
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