LA REFORME EST POSSIBLE
La réforme est un art subtil et à la fois complexe qui dépasse la simple compréhension et la lecture d’ouvrages dédiés à ce sujet, et particulièrement en France.
La subtilité française a tendance bien trop souvent, à se complaire dans l’exercice de la complexité, à ignorer, voire à réfuter les faits, à rechercher pour tout problème, non une solution, mais un bouc émissaire.
Le poids surrabondant de l’Etat, la multiplicité des strates administratives, les multiples corporatismes, ne rendent pas l’exercice aisé. Et force est de reconnaître, que les différentes actions menées ces dernières années, n’ont pas été globalement très pertinentes, et ont parfois contribué à rajouter de la complexité !
Dans un pays où la dépense publique atteint 57% du PIB, où la pression fiscale n’a cessé de progresser, surtout pour les particuliers, il est surprenant de constater que majoritairement la population française souhaite faire cesser ces dérives budgétaires, tout en affirmant que les réformes sont “pour les autres”.
La question que l’on peut légitimement se poser : ” La France est elle réformable ?” Les français sont ils prêts ? Il y a une singularité sociale et culturelle française, qui impose très certainement de réformer autrement : de démontrer l’intérêt, la nécessité de réformer, d’expliquer concrètement ce que cela implique et en quoi cela va améliorer l’existant.
Pour qu’un réforme puisse aboutir en France, il est donc fondamental, d’en démontrer l’impérieuse nécessité. Ce qui impose d’élaborer au départ, un diagnostique précis, fiable, permettant d’éviter des controverses inutiles et paralysantes. D’élaborer en concertation avec les acteurs concernés et impliqués des éléments de proposition concrets : d’associer à la dynamique de la réforme ceux qui la vivront “en première ligne”. Et de les faire partager à l’ensemble du corps social en amont de la réforme tout en démontrant l’intérêt des ces évolutions.
La constitution de vrais états généraux pour de vrais enjeux d’intérêt général.
C’est là sans aucun doute une méthode qu’il conviendra d’appliquer avec finesse. Cela impose de la lucidité dans le diagnostic, de l’honnêteté mais aussi du discernement dans la formulation des propositions, du professionnalisme dans la rédaction des projets de décrêts et de lois qui en découlent, et bien sûr de l’audace, comme ce fut le cas en Suède au Canada …
Et enfin de la ténacité dans la mise en place et le déroulé de ce qui a été décidé ! Que de décrêts, que de lois sont restés sans application ces dernières années, même lorsqu’ils étaient correctement rédigés !
La réforme est possible si on a la lucidité et la volonté de la rendre possible !
Loïc Tribot La Spière, Délégué Général du CEPS
Hélène Pichon, Directeur des relations avec les Institutions du CEPS