Longtemps ignorée puis rejetée et enfin perçue, l’explosion démographique reste un sujet globalement non traité en Afrique.
Avec un certain « angélisme idéologique », un certain nombre d’experts n’ont cessé, ces trente dernières années, de souligner que la vitalité démographique et l’extrême jeunesse du continent serait une des causes déterminantes de son développement.
Si l’on peut louer et saluer cette dynamique humaine, on peut néanmoins s’interroger sur les conséquences que cette vitalité a, à l’heure actuelle, et qu’elle aura dans les prochaines décennies.
Constatons que, globalement, sur l’ensemble du continent africain, le niveau de développement et la faible diversification économique ne répondent que très faiblement aux besoins des populations. Ces phénomènes devraient s’accentuer dans les années qui viennent.
Dans un certain nombre d’Etats plus de 50% de la population a, à l’heure actuelle, moins de 20 ans. Relever le défi de l’emploi pour la jeunesse est aujourd’hui un pari qu’essayent de relever, comme ils peuvent, la plupart des Etats, mais cela reste globalement décevant. Le poids que représente l’activité informelle, au sein de ces différents Etats, consacre parfaitement ces échecs. La population africaine devrait doubler en 2050, par rapport à 2017, pour atteindre 2,5 milliards (soit plus de la moitié de la croissance démographique dans le monde !) dû à l’accroissement du taux de natalité, à une baisse de la mortalité infantile, et à l’allongement de l’espérance de vie.
Selon une récente estimation de la banque mondiale pour stopper ce chômage endémique, que connaît à l’heure actuelle l’Afrique, il conviendra de créer dans les 20 prochaines années, 450 millions d’emplois ! En l’Etat actuel, l’Afrique a la capacité de créer et de générer des emplois à hauteur de 100 millions, mais, précisons, si des impulsions et des restructurations ne sont pas dès à présent prises, il sera très difficile de relever le défi de l’employabilité. En l’absence de réponses macro-économiques cohérentes, le poids de l’économie informelle devrait se développer ; le chômage non déclaré s’accroître, et on devrait assister à l’accroissement des flux migratoires.
Sans être alarmiste, on peut raisonnablement craindre un risque de crise, l’avenir se décide aujourd’hui !
Loïc Tribot La Spière
Délégué Général du CEPS