Entreprendre et gagner en Afrique : retour d’expérience de Bloomfield Investment Corporation et de son président Monsieur Stanislas Zézé

 

 

La capacité d’un pays à générer du cash-flow est le critère de référence comme le prise de conscience du potentiel africain. Alors que les notes en $ peuvent être mauvaises, celles en FCFA déterminent la capacité à générer des devises pour rembourser en $, d’où la nécessité d’encourager les pays africains à emprunter dans leur propre monnaie afin de réduire leur degré d’exposition en terme de dette en devises étrangères. Cela dit, être pauvre en $ n’est pas une perte de crédibilité et l’Afrique a évolué avec l’évolution des mentalités. De même, se doter d’un code de valeurs est essentiel.

Ainsi, le bon sens commande qu’au-delà des compétences, de l’expérience, d’une mise de fonds initiale et d’une idée précise de projet, encore faut-il avoir le goût du risque (calculé plutôt que risqué), la volonté d’entreprendre et la capacité à se projeter dans le temps pour bâtir quelque chose de durable et de solide afin de faire face aux difficultés qui pourraient se présenter, sans se décourager.

Les exemples de réussite ne manquent pas en Afrique, notamment d’africains de la diaspora, dont les transferts sont désormais supérieurs à l’aide publique au développement. Citons ainsi, cinq ivoiriens récemment nominés et qui font, je cite « rêver la jeunesse africaine » tels que :

– Ben Aziz Konaté qui a démarré dans l’élevage et qui possède actuellement six entreprises couvrant aussi bien la restauration que la construction, la logistique, …

– Salif Traoré, devenu avec le groupe Magic system, leader dans la musique africaine,

-Nabou Fall, experte en communication

– Fabrice Sawegnon, grand innovateur, fondateur de Voodoo Group et présent dans plusieurs secteurs,

Citons également le cas de l’innovateur béninois Alain Capo-Chichi, fondateur de l’université d’informatique CERCO et qui a très bien réussi à Abidjan comme inventeur d’un super phone à capacité multilingue grâce notamment à un investissement de 4 mds de Fcfa de l’état ivoirien.

  • Pour revenir à la problématique monétaire, comment apprécier la place de la valeur d’une monnaie : faible pour être compétitif, forte pour réduire la dette, ce qui soulève la question du Franc CFA. Il faut que les monnaies soient convertibles entre elles. Et l’idéal serait d’avoir une seule monnaie africaine et un seul marché des capitaux. D’où le rêve des États-Unis d’Afrique…et sortir à terme du Franc CFA.

La question à se poser de la contextualisation : Bloomfield est-elle le résultat d’une remise en causde des normes ? La réponse réside dans l’approche même si les standards sont les mêmes avec une interprétation différente que celle qui fait du $ la monnaie universelle. Une échelle comparative établie avec Fitch a permis de faire la différence entre risque exprimé en monnaie étrangère et risque en monnaie locale. A l’investisseur regarde les deux notes et de prendre ses décisions. Ceci est d’autant plus important que beaucoup d’africains de la diaspora s’investissent en Afrique et que leurs transferts sont supérieurs au volume de l’aide publique au développement.

  • Par ailleurs, l’Afrique est en train d’évoluer, la qualité de son organisation dépend de la qualité de ses leaders et de leur capacité à transformer les potentiels en opportunités. La vraie problématique en Afrique c’est le leadership et la concentration de tous les pouvoirs dans les mains d’un seul décideur avec les risques de corruption et la faiblesse des systèmes de contrôle.
  • L’histoire coloniale ré-émerge dans la conscience de la jeunesse africaine et pousse à un examen critique à travers la « diplomatie culturelle ». Allons-nous devoir déconstruire pour reconstruire dans une démarche de décomplexion ? Certes, si assumer l’histoire est une nécessité, encore faut-il être capable de bâtir un autre narratif pour avoir une meilleure relation avec les autres.

En attendant, l’organisation d’un débat sur les risques-pays est appelée à devenir une plateforme de la critique constructive car les contrats sont établis sur la base de données officielles. Et tout cela est en train de contribuer à faire émerger une notation africaine responsable, opposée à une notation « à l’africaine » complaisante.

  • Les échanges se poursuivent à nouveau sur la question centrale du Franc Cfa, devenu sujet de tension : ce qui est important, c’est que le Franc Cfa soit convertible et transférable. Il est bon néanmoins de rappeler opportunément que les pays rattachés au Franc Cfa ont des taux de croissance supérieurs et des taux d’inflation plus bas que les autres. En découle alors un principe : s’endetter dans la monnaie dans laquelle on facture et tout dépend de la composition du chiffre d’affaires.

– Tout pays doit maîtriser sa politique monétaire pour être indépendant ;

– Il est essentiel que la monnaie soit forte et l’avenir est à une monnaie propre à l’Afrique ;

  • L’idéal serait d’avoir une seule monnaie pour les 54 pays, ce qui éviterait d’avoir à emprunter en monnaies étrangères. si les barrières baissaient, chacun des 54 pays se retrouverait avec 53 autres où emprunter alors qu’actuellement beaucoup d’emprunts se font en dehors du continent. Avec un marché unique, de nouveaux produits et une monnaie unique, il n’y aurait plus de problèmes.

 Il est temps de mettre les dirigeants devant les faits et donc devant les choix où l’absence de choix, en préconisant également d’imposer des normes aux investisseurs de la même façon que l’Europe qui a ses propres normes.

 

                                                                                                  William Benichou

                                                                                               Conseiller diplomatique

 

 

 

 

 

 

 

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