Relever le défi des ruptures scientifiques et techniques : comment s’y préparer ?

 

 

Remarquons d’abord qu’une rupture ne se décrète pas. A un moment donné une découverte scientifique majeure, que nous baptiserons rupture, est effectuée et celle-ci se traduit, au bout d’un temps variable, par une rupture sur le plan technologique. Il n’y a pas de recette miracle pour s’y préparer, et notre histoire regorge de telles découvertes faites par hasard. Ne soyons pas comme des alchimistes à la recherche d’une hypothétique pierre philosophale : il faut simplement disposer d’une recherche fondamentale dynamique et d’acteurs du développement technologique prêts à capter au bon moment cette découverte apparue dans le monde de la recherche.
Notre pays a par le passé, tout particulièrement dans le domaine aérospatial tant militaire que civil, effectué de bons choix en menant une politique ambitieuse de recherche née de la conviction que la puissance d’un Etat se juge à l’aune de son niveau technologique.
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un nombre croissant de concurrents qui de surcroît réduisent la durée des cycles de développement technologique. Dans le même temps, de notre côté, nous avons compliqué nos procédures, et empilé les structures. Un exemple est l’octroi de financements de plus en plus subordonné à la constitution d’un partenariat composé d’acteurs de nature spécifiée. C’est une pratique dangereuse car le temps perdu en palabre pour se mettre d’accord sur une proposition ne se rattrape pas et par ailleurs une rupture scientifique ou technologique relève rarement d’un consensus entre acteurs ; au contraire elle est le résultat d’un travail focalisé autour d’une conviction, échappant parfois à la pure rationalité, qui se traduit par une avancée majeure.
A une époque où le temps s’accélère et où le monde ne nous attend décidément pas, la rapidité d’action et la flexibilité de l’organisation sont les éléments clés de la réussite de l’obtention d’une percée scientifique. La notion même de rupture impliquant la discontinuité, cette discontinuité doit se traduire également dans les méthodes de travail.
Si aujourd’hui nous paraissons en retard, c’est avant tout par manque d’initiative et d’audace, d’acceptation de l’échec. Si l’on raisonne à ressources financières sensiblement égales, il faut surtout apprendre ou réapprendre à aller vite. C’est possible car la France sait le faire: pour évoquer un sujet à la mode et dans le secteur de la Défense, 20 ans avant qu’on ne parle de « Newspace », notre approche du renseignement électromagnétique d’origine spatiale s’appuyait déjà sur des plateformes de microsatellites universitaires !

 

Par Bruno SAINJON ,
Président-directeur général
OFFICE NATIONAL D’ETUDES ET DE
RECHERCHES
AEROSPATIALES (ONERA)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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