D’un lieu peu connu en Chine, le virus a vite essaimé dans tous les continents. Sa fulgurance a paralysé les systèmes politiques, vidé les frontières de tout sens, grippé l’économie mondiale et mis en détention provisoire les habitants du globe.
Furtif, il a pris la science au dépourvu, ne lui offrant aucun indice à même de justifier une hypothèse irréfragable.
Alors, les gouvernements se rabattent sur la pédagogie de l’hygiène et de la distanciation sociale. Cette pédagogie est vite complétée par un confinement progressif dans sa sévérité. L’État use unilatéralement de sa violence légitime mais promet une aide qui risque très rapidement de désarmer l’économie.
La peur est mauvaise conseillère.
Le confinement ne doit devenir ni un désengagement total de l’individu ni un paternalisme destructeur des énergies sociales. Il doit être un moment de préparation à la remise au travail du Pays.
L’exercice du pouvoir politique a certes besoin de conseils scientifiques, mais il ne doit pas cacher son indécision derrière l’expertise qui, par éthique, ne peut se départir de sa prudence.
L’épreuve sanitaire a remis de l’ordre dans tous les segments de la société. Le citoyen applaudit, à chaque instant, l’abnégation et l’efficacité de certains corps professionnels. Mais l’État, au lieu de partager cet hommage émotionnel, en promettant des « récompenses », doit au contraire jouer son véritable rôle en le transformant en une reconnaissance actée, raisonnée et consacrée de la valeur du travail éclairée par la Science.
Pour cela, l’État doit élaborer, maintenant, un plan de relance massif et un soutien déterminé et conséquent aux instruments de sa mise en œuvre : Les Entreprises.
Il doit appuyer la solidarité active qui apprend aux citoyens non pas la survie mais la nouvelle vie. L’épreuve sanitaire a définitivement établi :
– L’interdépendance universelle
– La vulnérabilité des systèmes sanitaires nationaux
– La faible importance accordée à la recherche scientifique
– L’insoutenabilité de l’orientation actuelle de l’économie
L’épreuve sanitaire remanie les priorités et accélère l’Histoire vers la post-mondialisation. Le Monde assiste à la chute de son « mur de Berlin » et le laboureur technologique découvre enfin son trésor : La Vie.
Par Mohamed ABBOU,,
Conseiller du CEPS
Ancien Ministre de la Culture & Ancien Membre du Conseil Constitutionnel de la République
d’ALGERIE