L’école n’est pas seulement un lieu d’apprentissage

 

 

La question de la réouverture des écoles divise autant les autorités publiques et les responsables pédagogiques que les Citoyens.
Les autorités locales, particulièrement les maires, sont réticents, dans une importante proportion, à ouvrir les écoles non pas pour braver les décisions gouvernementales mais par peur de ne pas être suffisamment outillés pour mettre en œuvre les recommandations sanitaires. Les familles rongées par l’appréhension de soumettre leurs enfants au danger cèdent au principe de précaution.
Le gouvernement ne possédant aucune réponse catégorique aux inquiétudes des uns et des autres privilégie le volontariat à la contrainte.
Chaque partie refuse ainsi de prendre la moindre responsabilité dans les conséquences éventuellement préjudiciables d’une démarche qu’impose pourtant l’intérêt de l’enfant scolarisé.
Soumis à un enfermement contraire aux règles naturelles de sa croissance physique et psychique, l’enfant risque de développer des complications post-confinement dont la sévérité sera proportionnelle à la précarité de ses conditions matérielles, familiales et culturelles. Les enfants de la classe moyenne et des milieux défavorisés pâtiront logiquement plus que les autres des conséquences de l’isolement.
L’enfant grandit dans les relations sociales.
Sa croissance a autant besoin d’échanges avec les autres que de nutrition et de soins.
Ces échanges comblent son besoin d’autrui par le jeu, la compétition, la complicité, la complémentarité, la confiance, l’assurance, la différence…..
Et, le lieu par excellence qui peut lui offrir ce bouquet de réponses, c’est l’école.
Le milieu familial comble évidemment ses exigences fondamentales d’amour et de protection mais l’enfant ne peut se passer du reste qu’à un coût qui peut s’avérer très lourd.
Dans l’isolement il est guetté par l’angoisse, l’obésité, les addictions (particulièrement aux jeux électroniques), la paresse du corps et du cerveau et bien sûr le retard scolaire.
Lui enlever son espace scolaire c’est lui enlever une part de sa vie sociale.
Après un long confinement, les adultes mesurent l’importance des repères sociaux dans leur vie, les rues qu’ils arpentaient, les lieux de travail en attendant les lieux de convivialité et de pratique sportive.
Alors au lieu de s’enfermer dans une fausse alternative ou de céder à la solution injuste d’accueillir les enfants autorisés par leurs parents et d’oublier les autres, il faut trouver des solutions adaptées à toutes les positions permettant à l’enfant de retrouver son espace social quand il en ressent le besoin.
Les écoles peuvent tenir des permanences, quand elles ne peuvent pas revenir à un fonctionnement normal, pour recevoir en petits groupes, à tour de rôle et pour des moments courts les enfants qui désirent retrouver leur établissement, saluer leurs enseignants et échanger à distance avec leurs camarades qui auront fait la même démarche.
Tout peut se passer dans une salle de classe où dans la cour aménagée pouvant accueillir un petit groupe à la fois dans le respect des règles sanitaires et pendant un temps court bien réparti par rapport à la population concernée.
Étalées dans la semaine ces rencontres de la pédagogie libre (le mot « école » n’a t-il pas une origine à la fois latine et grecque signifiant loisir ?) permettront à tous les élèves de reprendre contact dans la convivialité avec l’espace qui participe à leur épanouissement aussi fréquemment que la répartition du temps le permet.
Le but principal de ces retrouvailles est de répondre à l’appel de l’enfant quand il ressent le besoin de l’autre, de son regard, de ses mots, de ses idées pour être stimulé et prendre conscience de lui lui-même et de ses pensées. Le camarade comme le maître ou la maîtresse sont des miroirs qui donnent forme et achèvent la conscience de l’enfant.
L’accueil peut être organisé par les enseignants et les responsables pédagogiques qui connaissent les affinités et les fréquentations de jeu de leurs élèves. La demande peut aussi venir des parents qui
peuvent assister à ces moments pédagogiques très particuliers avec l’assentiment de leurs enfants.
Dans tout cela il ne s’agit pas de respecter les volontés divergentes des adultes mais de répondre aux besoins naturels de l’enfance.

 

Par Mohamed ABBOU,
Conseiller du CEPS
Ancien Ministre de la Culture & Ancien Membre du Conseil Constitutionnel de la République
d’ALGERIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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