La faillite de l’audio visuel public

 

En cette période de confinement, nous avons tendance à passer plus de temps que de coutume devant la télévision. Au-delà des films et des séries, nous attendons avec impatience les journaux télévisés qui font logiquement la part belle au COVID 19 sinon une place exclusive.

Les chaînes privées suivent leur objectif de rentabilité et donc d’audience. Il faut chaque jour du sensationnel et la pandémie actuelle est donc une aubaine. Le catastrophisme est en vedette, aucune information positive ne vient contrebalancer les interviews de personnalités qui n’annoncent que des mauvaise nouvelles. La théorie du complot reste un autre sujet permettant de gonfler le audiences. On nous cache tout, l’origine du virus est connue des initiés mais c’est un secret d’état! j’en passe et surement des pires.

Fatigué de cette présentation populiste de l’information, on a le réflexe à se tourner vers l’audiovisuel public. Et là le choc, on a l’impression de s’être trompé de chaîne. Ici aussi on recherche sans fin le sensationnel.
Combien de sujets sur le complot des masques, au moins un tous les deux jours. Le sous entendu est évident, on nous ment, le “on” étant le gouvernement, la communauté internationale etc
Les interviews sont des moments d’anthologie qu’il faudra faire analyser plus tard par des spécialistes de la communication. Chaque question a pour premier objectif de rechercher le pire, il faudrait porter le masque depuis le premier jour, partout, l’ouverture des écoles est criminelle, celle des commerces le résultat d’un lobbying économique au détriment de la santé des citoyens. Les journalistes, pourtant expérimentés posent des séries de questions tout aussi tendancieuses les unes que les autres. Heureusement quelques interviewés contredisent l’animateur ou l’animatrice avec des réponses sensées, équilibrées, responsables. Le plus terrible c’est qu’on sent alors la frustration du journaliste.

La situation actuelle est compliquée, anxiogène. pour le commun des mortels.
Pour un non expert, impossible comment de comprendre l’écosystème médico-scientifique, la génétique du virus et sa capacité à se répandre. Un professeur nous préconise d’utiliser au plus tôt de nouveaux médicaments car l’épidémie c’est maintenant., D’autres poussent alors des cris d’orfraies car il faut suivre un protocole de test scientifique qui fort logiquement prendra plusieurs trimestres.
Un jour les enfants sont immunisés contre le COVID 19, le lendemain ils sont touchés et développent potentiellement des maladies terribles comme celle de “Kawasaki”.
De même, le gouvernement adapte régulièrement sa gestion de la crise au fur et à mesure que les informations arrivent. Ce qui était vrai ou possible un jour l’est moins une semaine plus tard. Sans explication, ces évolutions apparaissent incohérentes et mal gérées.

Des médias responsables ont pour devoir et pour éthique de donner des informations équilibrées, ni optimistes ni pessimistes. Il serait opportun de proposer un reportage allant dans le détail pour expliquer un sujet plutôt qu’un angle d’attaque polémique ou sensationnel. le problème des masques, encore lui, en est un bon exemple.
La rentrée scolaire un autre.
Ne sont passés à l’antenne, la semaine précédent le déconfinement, que des maires ou des parents d’élèves opposés à cette mesure.

Ce n’est absolument pas ce que les JT d’antenne 2 font actuellement. J’en suis venu à ne plus les regarder et je me rabats, pour m’informer sur des émissions moins caricaturales comme “c’est dans l’air” sur la 5.

Aujourd’hui ces mêmes médias publics ne traitent le coronavirus que sur le seul angle médical. Or, tous les experts savent que les crises économiques et sociales vont suivre. Elles vont créer chômage, pauvreté et avec elles leur cohorte de malheurs probablement aussi graves que les dommages médicaux. Ces même journaux télévisés occultent actuellement la question. En les écoutant, il est certain qu’un confinement total de six mois serait un plus sur le plan sanitaire pour la gestion du COVID 19. Mais expliquer qu’il faut trouver un équilibre entre tous les pans de la crise n’est absolument pas dans leur agenda. court terme, voilà le maître mot.

Je prédis, sans avoir de don particuliers, que d’ici trois mois, lorsque le chômage aura bondi et la pauvreté sera devenue un problème majeur, suite en plus grave du mouvement des gilets jaunes, ces mêmes médias irresponsables accuseront les décideurs d’avoir imposé un confinement trop dur et trop handicapant pour l’économie.

Mesdames et Messieurs du service public de l’audio-visuel, ressaisissez-vous, proposez nous de l’information complète, objective et instructive. C’est de votre éthique qu’il est question et de la bonne santé physique mais aussi morale de nous, les citoyens.

 

Par Frédéric SPAGNOU,
Conseiller du CEPS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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