LA DEMOCRATIE A L’EPREUVE

 

 

Le terme de démocratie ne renvoie pas uniquement au système politique en lui-même, mais désigne aussi un type de société ayant pour valeurs fondamentales l’égalité et la liberté avec un attachement prononcé aux relations culturelles et psychologiques, ainsi qu’aux rapports politico-religieux qui la fondent.

Cela étant dit, il serait vain et contre-productif de s’arcbouter sur le modèle démocratique occidental et de mesurer les autres systèmes en vigueur dans le monde à l’aune de sa prétendue universalité. En effet, d’autres modèles politiques partagent certaines des visées humanistes de nos démocraties occidentales mais selon un ordre de valeurs et selon des modalités différentes. Par exemple, les nations confucéennes privilégient la hiérarchie sociale et la place que l’individu y occupe plutôt que le sort de l’individu lui-même. De même, dans l’Asie du sud-est, l’intérêt collectif et la recherche du consensus l’emportent sur la préférence individuelle, voire même sur le verdict des urnes.
Les démocraties occidentales sont aujourd’hui confrontées à une double menace, à la fois de l’intérieur par l’essor des mouvements populistes de droite et de gauche, et de l’extérieur par les acteurs de mouvances terroristes mais aussi, plus sournoisement, par certains régimes autocratiques dont la survie et le succès semblent étroitement corrélés à leur capacité de nuisance à l’égard de nos systèmes politiques et de leurs institutions.
Depuis quelque temps en Europe et notamment en France, il n’est pas rare d’entendre des voix dans les médias sociaux et traditionnels qui dénoncent une démocratie d’ordonnances, de prétendus pleins pouvoirs, voire une dictature. Ces critiques d’ordre idéologique ignorent la dimension institutionnelle et politique de la vie sociale et se fondent sur une méprise, à savoir qu’une société libre pourrait vivre sans impératif de représentation politique. Or, en opposant la Société et l’État, en les montant l’un contre l’autre, les antisystèmes de tout poil risquent de faire le jeu des ennemis de la démocratie, et notamment celui des partis populistes de droite ou de gauche qui sont aux aguets.

Ce rejet actuel des institutions n’est pas sans nous rappeler le courant dit post-totalitaire des années 70-80 qui prévalait en Europe centrale et de l’Est avant la chute du mur de Berlin en 1989. Il s’agissait alors pour les mouvements d’opposition au sein de ces pays de reconquérir un terrain d’action libre où la société pourrait s’autogérer et les individus exercer une autonomie toujours plus grande. Cette stratégie antitotalitaire était fondée sur une opposition tranchée entre la société et l’État et consistait à se retourner résolument sur soi et à refuser toute compromission avec la politique, avec le système et ses formes institutionnelles. On souhaitait alors la renaissance d’une démocratie sinon directe, du moins participative. Il fallait émanciper la société du politique. Les partis de gauche des démocraties occidentales furent alors inspirés par cette volonté d’émancipation que l’on retrouve à nouveau de nos jours mais sous des formes plus violentes de contestation. La comparaison historique avec ces anciens États satellites s’arrête là, puisque le totalitarisme qui y sévissait depuis longtemps n’avait rien d’un fantasme et qu’il nécessitait une théorisation de la reconquête de la liberté.

Mises à l’épreuve de toutes parts, la résilience de nos démocraties se mesurera à leur capacité à corriger les excès d’un capitalisme dérégulé et à limiter les retombées néfastes d’une mondialisation fondée principalement sur la croissance économique, le profit et la consommation. C’est pourquoi, certains pays, dont la France, ainsi que de nombreux courants de pensée indépendants, appellent au retour de l’État à une échelle inédite afin de renforcer l’action publique et de redonner des couleurs au multilatéralisme, dans des domaines essentiels au bien-être de l’humanité tels que l’éducation, la santé, le climat, la lutte contre les inégalités, etc. Il est en effet urgent d’agir et simultanément de décourager les politiques de repli-sur-soi chères aux populistes et de promouvoir collectivement ce que l’on pourrait nommer une bonne mondialisation.
La crise du Coronavirus et avec elle le confinement de milliards d’individus, ainsi que l’altération de l’appareil productif mondial fournissent aujourd’hui l’opportunité exceptionnelle d’une pause pour réfléchir au sens à donner à nos vies et, ce faisant, à l’avenir de nos diverses civilisations, dont l’un des multiples dénominateurs communs est la réduction des inégalités à commencer par celle devant l’accès aux soins.

 

Par Christian DAVIN,
Président
CHRISTIAN DAVIN PRODUCTIONS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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