Entreprendre pour quoi ?

Il est fréquent d’entendre des critiques dures, souvent justifiées, parfois exagérées sur les conditions
notamment administratives et fiscales de l’entreprenariat en France, tenues non seulement par des
entrepreneurs qui vivent des expériences difficiles à la création ou dans la gestion de leur entreprise,
mais aussi d’autres décideurs, des responsables politiques…

Soulignons aussi qu’entreprendre n’est pas chose aisée et que l’on ne s’impose pas entrepreneur. Il
faut savoir avec lucidité appréhender son marché, et de plus en plus dans un contexte fluctuant, faire
évoluer son offre : s’adapter. Mais aussi se remettre en cause, se transformer. Les technologies
l’imposent et la concurrence aussi.

Constatons que le nombre des créations d’entreprises en France a connu un véritable dynamisme ces
dernières années, signe d’une évolution des modes de travail voire d’une rupture avec le modèle des
30 glorieuses, soutenue par des mesures mises en place par les gouvernements successifs dans le but
de stimuler les initiatives entrepreneuriales et faciliter leur mise en œuvre. L’entrepreneuriat prend
plus d’ampleur avec des profils d’entrepreneurs plus divers.

Avec le développement des technologies de ruptures, de la digitalisation, il est possible d’entreprendre désormais autrement, de replacer l’homme au cœur de l’entreprise, et de l’associer pleinement au renouvellement de notre société, tant sur les aspects sociaux qu’environnementaux.

Entreprendre, c’est se donner une raison d’être, ce que les anglo-saxons appellent « the purpose »
qui est en réalité pour eux un marqueur culturel. Les résultats commerciaux et financiers sont une
conséquence logique de la mise en œuvre des moyens d’accomplir cette mission.

La loi PACTE du mai 2019 introduit la notion de « qualité de société de mission » qui permet de
préciser les engagements sociétaux qu’elle souhaite avoir 1 . C’est un très bon début, des entreprises
s’y engagent sérieusement. On aurait pu ne pas légiférer sur un tel sujet dans notre monde
d’aujourd‘hui et laisser la prise de conscience individuelle et collective faire son œuvre
progressivement. Mais nous avons déjà eu des précédents comme la loi relative à la représentation
équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et à
l’égalité professionnelle 2 . La loi, de fait, accélère l’évolution des mentalités et des pratiques sur des
sujets sociaux ou sociétaux à forte pesanteur.

On doit aller plus loin. La définition de la raison d’être de l’entreprise devrait être le point de départ
de l’enracinement et de la généralisation de l’esprit d’engagement collectif mobilisant tous les
acteurs concernés qu’ils soient entrepreneurs, salariés, actionnaires, pouvoirs publics, et bien-sûr
clients, Cet engagement embrassant l’intégralité des sujets en lien avec le développement humain de
toute nature, sur tous les sujets ayant un impact sur la société au niveau local, national ou mondial,
tels la sauvegarde de la planète et de ses habitants, la lutte contre la pauvreté, la faim, l’égalité des
chances, la paix, la santé pour tous…

Nous allons entrer dans une logique de co-construction d’une société où chaque entreprise contribuera, à son niveau, en fonction de son activité et de ses moyens, à une mission dont la nature et l’intensité dépendent de son activité et de ses moyens d’action.

(1) Article 176 de la loi PACTE du 22 mai 2019
(2) Loi no 2011-103 du 27 janvier 2011 dite Copé-Zimmermann

Redouan ZNAGUI

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