Demain, après…

 

 

 

La crise sanitaire du COVID 19 et ses mesures d’accompagnement vont provoquer de grands changements dans la société et l’économie en particulier en France. Certains ne seront que temporaires, d’autres dureront sur les décennies, l’exemple des évènements de septembre 2001 et de la crise du SRAS en Asie nous le rappelle.
Il ne s’agit pas de réaliser une étude prospective exhaustive mais d’identifier certains des secteurs qui seront durablement changés et de proposer, à partir des signaux faibles disponibles en ce moment, des pistes de réflexion et de formuler avec modestie quelques tentatives d’hypothèses.
Il y a tout d’abord les secteurs qui avaient déjà atteint une zone de risque comme l’aviation et qui frappés par cette crise brutale et mal anticipée vont devoir faire face à de sérieuses difficultés.
-le marché des compagnies aériennes est depuis 2 ans au moins en situation de surcapacité avec des prix de vente en baisse, même dans un contexte de prix du pétrole assez bas. On voit des compagnies aériennes de premier rang comme JET AIRWAYS en Inde disparaitre brutalement, nombreuses sont les opérateurs plus petits à faire faillite, en France, UK et ailleurs.
-les avionneurs connaissent, depuis deux ans au moins, une situation mauvaise pour les ventes d’avions gros porteurs. On assiste à la fin du programme A 380, au report du programme de BOEING B777 nouveau et au ralentissement fort des programmes de production des autres gros porteurs.
La crise du B737 MAX a eu comme effet de supprimer beaucoup de capacités disponible, en même temps que les opérateurs passaient massivement aux moteurs à plus faible consommation, le nombre d’avions « classiques » en stockage augmentait rapidement. Le succès des programmes A 321 NEO et XLR a donné une fausse impression de croissance. La crise actuelle va, comme en 2003 et 2008, provoquer une crise des financements d’avions et sans doute un report massif voire de grosses annulations de commandes. La « Supply Chain » va passer brutalement d’un mode de croissance avec de très lourds investissements capacitaires à une forte diminution des productions se trouvant mécaniquement dans un cisaillement potentiellement dramatique.
-dans le monde des technologies de l’information et de la communication on va constater que pendant la crise les capacités des réseaux et des serveurs ont été sollicitées très fortement par le développement énorme du télétravail, du e- commerce et par les diffusions massives de spectacles en lignes via la VOD. Un besoin capacitaire va apparaitre ainsi que la nécessité de travailler sur les architectures plus robustes pour améliorer la résilience des systèmes. La crise des financements qui suivra inévitablement va obliger à des arbitrages budgétaires chez les opérateurs de Télécommunications : on peut s’attendre à un report de quelques années du développement sérieux des accès radio 5 G qui n’apporte pas à court terme une amélioration de performance suffisante.
Il est certain que les usages qui se sont développés massivement pendant la crise laisseront des traces sans doute profondes et durables dans le paysage médiatique français. On peut s’attendre à un développement rapide des journaux dématérialisés et des offres de VOD et corrélativement à une baisse accélérée des ventes papier.
L’identité numérique et la signature électronique vont progresser très vite (les notaires sont en ce moment en pointe sur la signature électronique pour continuer à être opérationnels)
-La crise des financements va avoir des conséquences fortes sur le monde des jeunes pousses. Il est probable que les modèles privilégiant la croissance rentable sur la croissance consommatrice de liquidités apportées par les actionnaires seront favorisés. On assistera peut être à la disparition de sociétés connues ayant grandi très vite sans avoir jamais trouvé un modèle vertueux. Nous sommes probablement à un croisement des chemins possibles. Il y aura très vite une sélection.
Comme dans tous les systèmes il y a d’abord une réponse forte qui s’atténuera progressivement, ce ne sera pas le « Grand Soir » économique que certains appelle de leurs vœux mais il restera des changements là où les tendances étaient déjà sous-jacentes. Il reste à comprendre où et comment ?

 

Par François QUENTIN,
Administrateur
TELECOM PARISTECH ALUMNI
FONDATION INSTITUT MINES-TELECOM

 

 

 

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