« De la crise sanitaire à la crise économique, comment relever le défi d’une société solidaire et apaisée ? »

 

 

 

Quel sera le monde d’après ? Alors que l’humanité entière est affectée par le COVID-19 et plus de la moitié confinée chez elle, une des seules certitudes dans ces moments troubles est qu’il y aura un avant et un après COVID-19. Les économies de tous les pays de la planète sont durement frappées, les couches sociales les plus fragiles particulièrement ébranlées. Cependant la crise du COVID-19 a rappelé quelques vertus souvent oubliées de nos sociétés : leur résilience et leur solidarité. Partout essaiment des initiatives visant à aider les plus vulnérables et à maintenir une vie sociale malgré l’impossibilité du contact physique. Et si la crise du COVID-19 était le point de départ pour construire une société plus juste ? Il faudra pour cela écouter les populations et être encore plus proche d’elles.

Sortir de la crise économique
Les conséquences économiques du COVID-19 seront pires que celles que le monde a connues avec la crise économique de 2008. Les économies de tous les pays connaissent déjà un ralentissement et envisagent la récession. Les chiffres du chômage sont tout aussi inquiétants : 10% de la population active aux Etats-Unis contre 3,5% en février. Dès le début de la crise, les parlements ont été mobilisés pour voter d’ambitieux et massifs plans de relance de l’économie, de soutien aux populations, ou des lois accordant des pouvoirs extraordinaires à l’exécutif. Le Sénat américain a annoncé 2000 milliards USD. Le parlement japonais devrait bientôt adopter un plan à 1000 milliards USD soit près de 20% du PIB annuel du Japon. Les parlementaires ghanéens ont approuvé un plan d’aide de plus de 200 millions USD tandis que ceux du Sénégal ont voté une loi habilitant le Président de la République à prendre des mesures par ordonnance pour lutter contre l’épidémie et ses conséquences. La crise du COVID-19 a aussi montré que le ralentissement de la production industrielle et des activités économiques de manière générale avait des conséquences bénéfiques sur l’environnement, rappelant la pertinence d’une économie verte. Il sera de la responsabilité des parlementaires d’exercer le contrôle démocratique sur la manière dont cet argent sera dépensé, en servant de relais efficace entre les populations et l’exécutif.

Travailler à la réduction des inégalités
Les gestes de solidarité pendant la crise sont nombreux. Si les États ont déployé des moyens conséquents pour protéger les plus vulnérables, les citoyens se sont également beaucoup entraidés à travers la mobilisation de la société civile. La crise a également rappelé l’importance cruciale de métiers et de travailleurs qui ne bénéficiaient pas de la considération qu’ils méritent : les personnels soignants bien sûr, mais aussi les services de nettoyage, de livraison, les transporteurs, les caissières et cassiers… Malgré tout, la crise du COVID-19 est venue rappeler les inégalités qui existent dans toutes les sociétés, les plus riches comme les plus pauvres. Une société solidaire et apaisée est une société où les inégalités sont les moins criantes. Travailler à la réduction de ces inégalités est d’une urgence absolue pour éviter l’effondrement promis par les collapsologues. La réduction des inégalités est la responsabilité des dirigeants politiques comme des entreprises du secteur privé. Elle doit être poussée et encadrée par des lois. Les parlementaires y ont donc un rôle particulièrement important à jouer.

Renforcer les initiatives locales et la gouvernance participative
Une autre leçon de la crise sanitaire que traverse le monde et la crise économique qui s’en suit est l’importance cruciale de l’échelon local dans la gouvernance. La solidarité s’organise d’abord dans les quartiers, les villes, avant d’atteindre l’échelle régionale ou nationale. Les relais les plus efficaces de la prévention sont les relais locaux, ceux qui peuvent directement communiquer avec les populations et les sensibiliser. Les élus locaux et les parlementaires, souvent injustement oubliés, se sont retrouvés sur le devant de la scène. Il ne faudrait pas perdre ce momentum. Il ne faudrait pas que la fin de la crise sonne le glas de l’écoute accordée aux communautés et à leurs représentants. Il ne faudrait pas que la relance économique se fasse sans consultation avec les populations, sans égards pour leurs souhaits. Aux élus locaux et aux parlementaires de porter leur voix, au pouvoir exécutif de l’écouter.

Lorsque nous sortirons de cette crise, il faudra reconstruire nos sociétés. Cela demandera du temps et des efforts consentis par toutes les forces vives. Ce n’est qu’avec la solidarité, l’humilité et la participation de TOUS que nous pouvons espérer rebâtir un nouveau des société inclusives et apaisées.

 

Par Anna Nayé BATHILY,
Head Global Parliamentary Engagement
WORLD BANK GROUP

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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