Il n’est pas trop tard pour espérer

 

Ici en France, nous sommes aux manettes d’une puissance considérable, au sein d’une Europe qui a tout pour réussir sa partition dans le concert de l’économie mondiale. Le grand problème est qu’au regard de l’esprit européen des pères fondateurs, nous sommes devenus myopes et ivres, et nous ne nous en rendons plus compte.

Cependant, le bon sens populaire et paysan existe malgré tout. Nous marchons sur la tête. Nous allons dans le mur. Il faut être sourd pour ne pas avoir entendu cela. Le mur s’est dressé en quelques semaines. En rouge et en toutes langues : Coronavirus… Certes confinés, nous ne manquions de rien d’essentiel : boire et manger, dormir. Quoi que… le nombre de personnes vivant autour du seuil de la pauvreté s’est considérablement accru.

Dans cette pause incroyable mais vraie, nous lisons et entendons de plus en plus le mot « solidarité ».
Va-t-on voir enfin ce terme traduit dans les actes et devenir une valeur axiale, une pierre angulaire de la construction d’un monde auquel une grande majorité d’entre nous aspirons ?

L’historien Jules Michelet écrivait il y a déjà longtemps que « La vie s’allume et s’aimante à la vie, s’éteint par l’isolement. Plus elle se mêle aux vies différentes d’elle-même, plus elle devient solidaire des autres existences, et plus elle existe avec force, bonheur, fécondité. » Le Peuple, Ed. Grands Ecrivains – 1987, p. 110.

La France devrait être exemplaire. Avec la Fraternité, notre devise avait un temps d’avance en incluant cette notion essentielle et vitale que l’on nomme, à bon droit, Solidarité. Cependant, trop souvent noyés dans l’immense consumérisme et figés dans l’inertie de nos richesses, nous l’oublions. Soyons vigilants, trop de lumières et nous sommes aveuglés…

L’un des défis à relever face à ce virus hyper contagieux est d’en tirer des enseignements. Parmi ceux-ci, l’effet papillon apparaît au grand jour comme étant à considérer avec la plus grande attention.
En attendant traitements et vaccins qui arriveront, nous pourrions fabriquer un antidote pour contrer l’animalité virale et ses terribles conséquences. Osons nommer simplement cet antidote « humanisme » et agissons de toutes nos forces pour que devienne très contagieux le respect du caractère sacré de la vie et la confiance irréductible dans le potentiel humain de faire apparaître le meilleur de lui-même.

Puisque l’égo est si fort dans nos sociétés modernes, puisque l’égoïsme est si dominant, ne pourrions-nous pas nous lancer le défi de faire apparaître le meilleur de nous-même ? Etre le champion du respect de la vie, le number one de la confiance, le leader de la bienveillance et de la gentillesse !
A qui lit cela en pensant que le gentil est faible je renvois à la lecture du philosophe E. Jaffelin et à son livre Eloge de la gentillesse. « Si le gentilhomme est capable de passer de la rudesse des combats à la tendresse des béats, c’est parce que la gentillesse est d’ordre eucharistique : elle transmue le vin en sang et la faiblesse en force. »

Sur tous les continents et de tous temps, des femmes et des hommes ont su révéler ce potentiel bénéfique, cette capacité à faire face résolument avec courage pour changer le cours des choses.

Que l’on pense ici au général De Gaulle, à Simone Veil, à Nelson Mandela, à ML King, et tant d’autres…
Nos sociétés ont connu des siècles de compétition militaires et économiques.
Profitons de cette crise pour décider de tenter une nouvelle voie : la compétition humanitaire. Osons espérer. Osons croire que l’impossible peut devenir possible. Nous le vivons déjà en ce moment…

Dans la forge de cette crise apparaît la flamme de la solidarité, elle grandit au souffle du bon sens et de la réflexion. Issues de différentes disciplines universitaires autant que de chefs d’entreprises, des thèses solides et bien documentées éclairent le nouveau paradigme de l’économie solidaire, circulaire, responsable. Devant nous se dessinent de nouvelles grilles de lectures et tables d’écritures.

Ici en France, pays riche, nous sommes reliés aux familles vivant dans leurs pays pauvres.
Déjà en 1900 au Japon, le lait en poudre venait de Suisse, les linges en coton de l’Inde. Dans son livre Le défi mondial, JJ Servan-Schreiber montrait en 1980 que notre quotidien était constitué d’objets de plusieurs pays et continents. Chacun sait bien que le déséquilibre est immense entre les pays riches et les pays pauvres, et nous savons également que toute la planète subit les effets de la pollution et du réchauffement climatique. Il faut donc espérer que nos dirigeants lisent l’ouvrage d’Esther Duflo et de son mari le Pr Banerjee, Repenser la pauvreté *

Or il est important de noter que la vie solidaire ne décrit pas le monde tel qu’il devrait être dans l’idéal, mais tel qu’il est réellement déjà, même si nous avons tendance à l’ignorer.

Pour triompher face à l’ennemi, encore faut-il l’identifier. Pour que le monde entier soit ainsi figé dans la peur, quels mécanismes sont à l’œuvre ? Comment prévenir l’éruption d’une colère désastreuse ?
Nous ne répondrons pas ici et assumons l’extrême complexité de la situation. Mais pour tenter d’ouvrir une brèche, rien n’empêche de faire l’hypothèse que la cause essentielle de tous nos maux réside dans l’ignorance des lois de la vie, l’ignorance des véritables causes du bonheur et du malheur de vivre.
Cette ignorance est une forme d’obscurité (une force obscure diront certains) qui existe en nous-mêmes. Elle nous enveloppe et nous cache une réalité aussi splendide que le ciel bleu au-dessus des nuages : notre valeur intrinsèque, le caractère sacré et la dignité de la vie.

C’est pourquoi il serait bon de faire appel à toutes les ressources bénéfiques, de toutes les disciplines, pour œuvrer ensemble à la résolution des problèmes que nous avons-nous-mêmes élaborés.

Tout l’espoir n’est pas de trop (Aimé Césaire….)

 

Par Vincent PILLEY,
Conseiller Entreprise et Dirigeants. Union Financière de France

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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