Bon sens bon sang !

 

 

 

Plus besoin de films pour nous faire peur, sous un soleil printanier quasi général c’est l’heure du grand silence et du ralentissement de nos rythmes de vie. Etonnement, incompréhension, sidération s’emparent des esprits puisque les corps ne peuvent plus s’approcher, s’étreindre, s’embrasser. Et la caisse de résonance médiatique s’illustre par des reportages en boucle et des images bien souvent inutiles, mention toute spéciale à la communication politique qui oscille entre verbatims de guerre et attitude martiale au son claironné de « l’unité, l’unité, l’unité » !
C’est aussi la course aux chiffres et la tenue des compteurs d’heure en heure. Pourquoi sommes-nous aussi perméables à l’anxiété panique ? Mais où sont donc le bon sens et la distance ? Sans contester l’horreur en route, je voudrais donner ici un autre éclairage en un seul chiffre afin de ne pas contribuer à nous inonder : dans le monde chaque année ce sont 2,6 M de femmes et d’hommes qui meurent de l’ingestion d’eau insalubre. Le problème est connu. Ancien. Documenté. Et il se répète année après année dans une indifférence assourdissante alors même que les traitements de l’eau existent depuis des millénaires. A la course aux nombres, des drames d’incidence planétaire il y en a chaque année, parfois peu connus, silencieux et qui fauchent à moisson les vies sans pour autant créer un tel climat émotionnel. L’indignation est passagère et tourne à l’indifférence même sur des sujets d’ampleur : les feux australiens ou la déforestation massive de la forêt amazonienne dont les conséquences n’occupent même plus quelques lignes.. Nous voilà donc plongés dans une sorte de peur entretenue par l’ensemble de nos environnements immédiats, on voit, on entend, on s’assomme d’images et de chiffres.
Alors,
Gardons notre lucidité et le discernement qui d’ordinaire nous habitent. Ce moment aux angles tragiques aura une fin, et nous sortirons changés de ce confinement qui est l’opportunité de réflexions et de préparations du jour d’après. D’interrogations aussi sur nos modes de vie et le choix des valeurs que nous déciderons de mettre en avant au premier pas de demain. Certains avancent que ce sursaut d’humanité pourrait n’être que passager et que l’épidémie passée nous allons revenir à l’égocentrisme, à la consommation et à une frénésie superficielle exacerbée. Je crois plutôt à notre formidable force d’adaptation humaine-aux situations, aux crises, aux bouleversements. Il y aura des drames, sociaux, économiques et des stigmates psychologiques mais aussi et surtout comme une heureuse réappropriation du temps long et du regard au loin -devant !
Au même titre que j’ai toujours trouvé stérile et sans importance les débats opposant les apôtres de l’afro-optimisme et les spadassins de l’afro-pessimisme, c’est avec pragmatisme que je vois ce temps qui vient de basculer, qui passe et qui ressemble au « temps qu’il nous reste » : pour en faire le meilleur.

 

Par Patrice FONLLADOSA,
Président Pôle Afrique
CEPS
Membre du Comité Stratégique d’Avisa Partners
Président
RESSOURCES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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