RÉAPPRENDRE À VIVRE

 

 

Le monde, en particulier l’Europe, ferme, brusquement et douloureusement, un cycle de 45 ans après la Seconde Guerre mondiale. Nous avons vécu la «mondialisation» comme quelque chose d’inévitable et de durable, et, soudain, nous connaissons l’impensable: vulnérabilité mondiale, temps d’arrêt économique et confinement social.

Nous avons été surpris par un virus qui fait de nous les protagonistes d’un tournant historique brutal, avec des changements fondamentaux dans nos routines, dans l’organisation du travail, dans les comportements sociaux, dans la vision de la vie et du monde. Universitaires, économistes, scientifiques, politiciens, analystes, romanciers, personne n’a pu prédire l’émergence et l’effet tragique d’une pandémie comme la Covid-19. Les pays ont révélé leur impuissance et l’énorme fragilité de leur organisation économique et de leurs systèmes de santé et de protection sociale.

L’Union européenne a-t-elle échoué?

L’Union européenne elle-même, trop obsédée par la primauté de l’économie financière, a été prise au dépourvu en termes de connaissances scientifiques, d’investissement dans la santé et de gestion d’une grave crise sanitaire comme celle-ci.
L’Union doit être plus qu’un ensemble hétérogène d’États membres. La grande majorité a des gouvernements faibles et instables, tenus par des intérêts partisans, épuisés par des luttes de pouvoir. Ils n’investissent que dans des votes immédiats, ils ne produisent pas de plans à long terme; ils sont concentrés sur des actions médiatiques, de retour immédiat, sous l’œil complaisant de beaucoup.
Subitement, les pays devaient démontrer leur capacité à gérer les crises, les infrastructures de santé, l’organisation du travail, la viabilité financière et les politiques sociales de soutien.
Partie cachée de l’iceberg, d’énormes vulnérabilités sont apparues dans les secteurs de la santé, de la recherche, de la sécurité sociale, de la communication entre l’État et le secteur privé. Quelle fut la réaction de l’Union Européenne? Au lieu de faire preuve de leadership et de capacité d’intervention, elle a simplement dit “dépensez ce que vous voulez sur votre budget”.

Comment relever ce défi?

1. L’Etat doit redéfinir ses fonctions: plus d’interaction avec le secteur privé, plus de régulation, plus de responsabilité sociale, plus de proximité avec la société civile et les citoyens. Au Portugal, les universités ont commencé très tôt à développer la recherche et à produire des équipements de protection individuelle, pour approvisionner le Service national de santé et les forces de sécurité. De nombreuses entreprises, notamment dans les secteurs de l’automobile, du textile, du moule, etc., se sont empressées de reconvertir leurs lignes industrielles pour la production de ventilateurs mécaniques. Le secteur hôtelier a fourni des logements et des repas au personnel médical et de sécurité, aux personnes âgées contaminées vivant dans des maisons de repos et aux patients en quarantaine.

2. Il est urgent de tirer pleinement parti des nouvelles technologies, de les intégrer dans notre gestion individuelle et collective, dans la recherche d’une plus grande efficacité, l’élimination de la consommation inutile et du gain de temps pour des activités valorisant l’individu et la société.

3. Après l’économie mondiale, il faut parier sur l’économie circulaire, avec la rationalisation des ressources et la réduction, la réutilisation, la récupération et le recyclage des matériaux et de l’énergie. Ça diminuera notre dépendance et contribuera à protéger l’environnement.

4. Les gouvernements doivent adopter de nouvelles priorités, axées sur les investissements publics essentiels à la vie, dans les domaines de la santé, de la science, de la recherche, de l’éducation et de la culture.

5. Nous devons valoriser la dimension sociale, morale et éthique de la vie, une vision humaniste au-delà de la vision économique, et intégrer les valeurs d’empathie, de cohésion et de solidarité. Il faut mettre le pragmatisme avant l’idéologie. Les nouveaux héros ne sont pas ceux qui ont la renommée, le succès et l’argent, mais ceux qui donnent leur vie pour les autres.

Nous sommes obligés de redécouvrir un nouvel homme et un nouveau monde, avec des citoyens et des dirigeants à la hauteur des défis dramatiques qui nous attendent.
“Sans crise, il n’y a pas de mérite. C’est dans la crise que le meilleur de chacun émerge”, a déclaré Einstein. “Finissons en une fois pour toutes la seule crise menaçante qui est la tragédie de garder le silence et de ne pas vouloir se battre pour la surmonter”.

Puisse cette crise ouvrir les yeux qui sont restés fermés jusqu’à aujourd’hui et amener des gouvernements plus responsables, plus qualifiés et plus proactifs, avec des citoyens plus conscients et plus exigeants.

Par Hélder Martins,
Vice-président de l’Institut Robert Schuman pour l´Europe
Consultant de l’Association Industrielle Portugaise
Master en Finance Internationale et Marketing

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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