Décidée, critiquée, refusée, reportée mais finalement maintenue, la réunion des chefs d’Etat du Sahel s’est tenue le 13 janvier à Pau.
Et comment parler de paix, de stabilité ou comme le disait le député Hervé Berville « d’un monde commun et d’un avenir pour chacun » ou encore d’une «communauté de destin » selon Alain Juppé sans associer l’indispensable concours du secteur privé source d’emplois et d’innovations ?
Sur fond de critiques de plus en plus visibles et audibles contre la présence ou même l’influence Française, les entreprises ont et auront un rôle central à jouer. Tous les indicateurs économiques indiquent que le continent Africain est la première « zone de croissance » du globe, et ce pour de nombreuses années : on ne peut ignorer le balancier menace/opportunité de la démographie, l’explosion des populations urbaines – de 14,7 % en 1960 à 40,2 % en 2018 – ou encore l’indicateur encourageant de la croissance du PIB par habitant passé de 1 112 dollars à 1 657 dollars dans la même période.
En dix ans, l’Afrique s’est imposée comme le continent de croissance, d’investissement et d’attractivité. Et cette évolution, elle la doit avant tout à elle-même. Pour autant, alors que l’Union européenne est le premier investisseur étranger en Afrique, et le premier financeur de l’Union africaine, les négociations en cours sur l’accord post-Cotonou (cadre général dans lequel s’inscrivent les relations entre l’UE, d’une part, et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, d’autre part) ne donnent hélas pas au secteur privé la place de moteur dynamique qu’il aurait pu et dû jouer.
Formation. Nous avons d’un côté une insécurité croissante qui mobilise les forces militaires sans visibilité (et avec des résultats contestés ou contestables) et qui inquiètent, à juste titre, de façon grandissante les politiques. Et de l’autre, des entreprises qui tentent de vivre et de grandir dans ces environnements en extension.
Il y a bien quelques dialogues timides pour tenter de lier sécurité et développement mais ils sont le plus souvent dans les faits issus d’initiatives ponctuelles, individuelles, à la merci des bonnes volontés d’un jour… C’est notoirement insuffisant, mais c’est aussi la marque d’une profonde irresponsabilité collective.
Le secteur privé et les entreprises – locales ou françaises — sont volontaires pour participer à leur mesure à l’effort de paix qui permet de vivre, grandir et innover là où la richesse se crée, au plus près du terrain, et de le faire ensemble. Aucune démagogie ni angélisme dans cet appel à nouer de vraies relations structurées autour d’objectifs partagés entre les pouvoirs publics et les entreprises mais bien la certitude que l’un ne peut s’exercer au bénéfice de la croissance économique et des populations, et finalement de la paix et la stabilité, sans l’appui de l’autre.
S’il y a bien une urgence, à l’issue de ce sommet des chefs d’Etat, c’est bien de créer les conditions qui permettent au secteur privé d’assumer son rôle de moteur de la paix.
Le développement de l’entreprenariat africain, chacun le sait, ne pourra se faire qu’en facilitant la clé essentielle et reconnue comme indispensable : l’éducation et la formation ! Là, les secteurs privés africains et français pourront se trouver dans un esprit apaisé et positif, redevenir des partenaires équitables. Imaginons et encourageons ces nouvelles coopérations par l’université ou pour l’université, et aussi par les scolarisations notamment en faveur des jeunes filles.
Ces axes se doivent d’être évoqués ensuite au Sommet Afrique-France de Bordeaux en juin, en visant le succès de l’urbanisation dans la « Ville durable », thème central de cette rencontre. Et pour y arriver, les gouvernances des villes savent qu’elles pourront s’appuyer sur un secteur privé qualifié, expérimenté, autonome ou partenaire et toujours dans le partage des richesses créées.
Par Patrice FONLLADOSA, Président Afrique du Centre d’études et de prospective stratégique (CEPS) et Alain DUPOUY, Président du club Objectif Afrique avenir (O2A).
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