Comment l’Afrique compose-t-elle avec ses nouveaux partenaires chinois? Les classes dirigeantes africaines sont-elles en voie de sinisation ?
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Comment l’Afrique compose-t-elle avec ses nouveaux partenaires chinois? Les classes dirigeantes africaines sont-elles en voie de sinisation ?

Comment caractériser l’exercice de la puissance chinoise en Afrique ?

L’exercice de la puissance chinoise peut se caractériser par l’image qu’elle souhaite envoyer aux pays d’Afrique. La puissance chinoise se définit comme un pays en développement, faisant preuve de duplicité en vue de marginaliser les partenaires africains occidentaux. Présente depuis les années 2000 avec le premier forum de coopération Afrique-Chine, la République Populaire de Chine a conscience qu’elle n’est pas seule sur le continent. Elle avance ses cartes différemment, ses projets trouvant plus d’échos dans les attentes africaines. Certes elle investit moins que les partenaires bien ancrés sur le continent, mais investit là où il faut.

La puissance chinoise s’impose comme une alternative, dans l’optique de contrer l’influence occidentale. Son ambition de devenir la première puissance mondiale à l’horizon 2049, se décline sur son projet englobant qu’est la Belt and Road initiative (BRI). Au total, ce sont 51 pays d’Afrique qui ont signé le protocole d’accord memorandum of understanding (MoU). L’utilisation de la rhétorique mutuellement bénéfique illustre son succès diplomatique et son empreinte grandissante avec une évolution de la narrative constante. Présentant une alternative viable aux bailleurs de fonds et aux partenaires commerciaux traditionnels de l’Afrique, sous forme coopération formelle et assumée, la RPC se constitue une clientèle de pays tributaires qui lui permettent de construire son image et d’exercer un pouvoir politique plus souple.

Si la Chine reste un partenaire économique incontournable pour l’Afrique, l’Afrique ne l’est pas pour la Chine. En revanche, les pays africains se révèlent politiquement importants pour la Chine notamment sur la question de Taiwan, d’où une asymétrie substantifique dans les rapports entre l’Afrique comme continent et la Chine en tant que nation. De même, la Chine voit de nombreuses opportunités dans le développement de ses relations avec l’Afrique, notamment en matière de matières premières et de stratégie d’influence sur le plan international.

Comment l’aide et la coopération chinoise au développement sont organisées ?

Les projets de développement de la Chine sont présentés comme une coopération gagnant-gagnant. LA RPC investit massivement dans la construction, modernisation, acquisition, investissement d’infrastructures et numériques. Elle essaie d’attirer les élites africaines notamment par le biais de bourses accordées pour les étudiants africains, la promotion d’événements culturels et artistiques en encourageant les investisseurs à s’y installer et à y créer des entreprises.

La Chine a mis en place un certain nombre d’organismes et institutions financières pour soutenir ses initiatives de développement et mettre en œuvre son aide et sa coopération au développement cependant elle reste fortement critiquée pour son manque de transparence et de responsabilité, ainsi que pour son manque de considération des droits de l’homme et des normes environnementales. Malgré sa présence croissante, la Chine ne s’implante pas sur le long terme. Les entreprises chinoises ne se positionnent pas spécifiquement comme investisseurs mais agissent comme prestataires de services, clients et fournisseurs de marchandises. L’aide et la coopération se déclinent sur des prêts à taux zéro, des dons et des prêts conditionnels.

Quelle perception de la Chine ont les populations africaines ?

Les pays d’Afrique, ne souhaitent pas être forcés à avoir à choisir entre leurs partenaires pour éviter de se retrouver « instrumentalisés » par le jeu des grandes puissances. Aucun leadership hégémonique n’est apte à répondre au besoin du continent. La population civile ne perçoit pas d’un bon œil les risques de dépendance concernant les questions sur la dette et l’implantation des Institut Confucius. La peur de l’influence normative et idéologique chinoise persiste au sein de la population.

De plus, la Chine a été fortement critiquée pour sa politique en matière de main- d’œuvre en Afrique. Les travailleurs chinois sont souvent importés pour travailler sur les projets financés par la Chine, plutôt que de recruter des travailleurs locaux. Les activités qui en découlent sont donc peu capitalistiques et peu industrialisantes, n’impliquant pas de transfert technologique qui crée des tensions avec les communautés locales.

Certes, l’approche d’influence est réussie mais la Chine reste un partenaire contrasté. Sa présence est courtisée en surface, mais ne l’est pas dans l’imaginaire africain. Pour le moment, le fossé spirituel et culturel reste un cadre indépassable. Pour contrer cette forme d’une néo-colonisation qui ne dit pas son nom, la culture restera le facteur éloignant l’idée de l’emprise chinoise.

Margot Andriollo, chargée de mission CEPS

Crédit photo : Photo de Nuno Alberto sur Unsplash

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