Quel impact aura le Covid sur l’emploi des jeunes ?

Juste avant la crise du COVID le chômage des jeunes actifs s’établissait à 23,5%, un taux déjà inquiétant lorsqu’on pense aux dégâts occasionnés par le fait de débuter dans la vie professionnelle par une inscription à Pôle Emploi après, pour certains, des études déjà longues. Ce chiffre va malheureusement augmenter, et de façon considérable, puisque la hausse prévisible du nombre de demandeurs d’emplois impactera d’abord ceux qui tenteront d’entrer sur le marché du travail.

Face à ce constat largement partagé, et alors qu’un plan doit être proposé début juillet par le gouvernement, les mesures déjà annoncées et relatives à l’apprentissage vont dans le bon sens.

Mais il faut aller bien plus loin. Et profiter de cette crise pour éradiquer enfin deux fléaux du chômage des jeunes.

Premier fléau, continuer à former des milliers d’étudiants chaque année sans espoir de débouchés à due concurrence. Le temps est venu de mettre en place un système de « numerus clausus » par filière selon les perspectives d’embauche. Quand cesserons-nous de faire semblant en prétendant que des milliers de jeunes sur les bancs d’universités en formation dans des filières pauvres en débouchés (sciences sociales etc..) trouveront un emploi alors qu’ils sont avant tout des chômeurs en puissance ? Quand oserons-nous clairement expliquer à toute une génération que les métiers ont évolué et que les demandes des entreprises ne sont plus les mêmes ? Et qu’il est temps de se former aux métiers de demain, aux compétences nécessaires dans le 21ème siècle, et que des dizaines de milliers d’offres d’emplois leurs tendent les bras ? Il suffit de regarder sur « welcome to the jungle » le nombre d’offres dans le digital non pourvues. Et la crise du Covid n’a fait qu’accélérer la nécessité de transformation digitale des entreprises, autant d’opportunités de nouveaux emplois pour les jeunes. Mais encore faut-il définitivement acter que le contenu des formations dispensées doit être en adéquation avec le besoin réel des entreprises. Autrement nous aurons certes de beaux esprits, mais déconnectés du marché de l’emploi. Or ce sont les deux ensembles dont notre pays a besoin.

Second fléau, penser que le marché du premier emploi obéit aux mêmes règles que celles du marché du travail, sans spécificité. Alors qu’il est depuis toujours radicalement différent. Quand bien même la formation initiale des jeunes correspondrait bien aux attentes des entreprises, le marasme économique post Covid et le contexte d’incertitude en l’avenir vont créer une puissante réticence des entreprises à embaucher des personnes en recherche d’un premier job. Il faut donc des mesures fortes d’incitation à l’embauche qui s’inscrivent dans le temps. Ainsi, la suppression totale des charges patronales pendant au moins 2 ans pour une première expérience professionnelle est une mesure susceptible de porter ses fruits. D’autre part, à l’instar d’une des mesures Hartz en Allemagne qui a entrainé un boom de l’emploi des jeunes en 2007, on ne pourra plus faire l’impasse sur une véritable flexibilité pour les entreprises. Celles qui vont prendre le risque de créer un poste en CDI en donnant sa chance à un jeune doivent recevoir parallèlement la flexibilité permettant – en cas de nécessité – de faire le chemin inverse. Sinon qui embauchera ?

À force de réclamer l’interdiction des licenciements et d’imposer des sécurités de l’emploi, on a tué l’embauche qui répond pour l’entreprise à deux critères, utilité économique et flexibilité. Plus que jamais, dans le contexte du Covid et de ses conséquences économiques gravissimes attendues, on ne peut plus tergiverser. Pour un jeune, le plus important n’est pas de lui garantir l’emploi à vie que personne – y compris l’administration – n’a plus les moyens de garantir, mais de lui mettre le pied à l’étrier car la première expérience professionnelle est souvent déterminante.

 

Par Virginie CALMELS,

Présidente fondatrice de FUTURAe, école des métiers de demain

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