EDITORIAL par Loic TRIBOT LA SPIERE
Toute activité humaine, quelle que soit sa nature, qu’elle s’inscrive dans une démarche sociale, économique, humanitaire ou politique, ne saurait se passer d’une vision – ou du moins d’une démarche de sens, de nature à mobiliser les femmes et les hommes. Or cette mobilisation ne se décrète pas. Elle se construit en fonction des circonstances du moment, des parcours de vie de chacun et de la présence de personnalités propres à incarner des idées fortes et à faire en sorte qu’elles se traduisent dans le quotidien.
La complexité de l’environnement dans lequel nous sommes amenés à vivre, quel que soit le continent, impose plus qu’hier des discours audibles et de vraies réponses concrètes.
La mondialisation n’a fait qu’accentuer ce phénomène. La crise financière, la multiplication des délocalisations, l’explosion de la zone euro… sont autant d’évènements qui touchent les opinions publiques lesquelles restent dans l’attente d’un discours compréhensible de nature à les mobiliser.
À tous les niveaux, que ce soit dans les entreprises, les associations, les administrations et plus globalement les États, le besoin de sens et d’engagement est davantage ressenti et exprimé par les salariés, les fonctionnaires et les citoyens.
Replacer l’homme au cœur des priorités est une impérieuse nécessité. Ce retour souhaité du sens politique n’est certainement pas un appel au retour en fanfare des appareils politiques, de quelques stars professionnelles qui trustent les grands médias et cumulent les mandats mais une volonté de voir reconnu et apprécié le rôle quotidien de la société civile organisée, de ces femmes et de ces hommes qui contribuent à leur niveau à la recherche du bien commun.
En ce sens, il est impératif de rappeler que l’État n’est pas une identité figée. Il incarne et traduit une réalité socio-historique. De même que l’on ne gouverne ni n’administre plus de la même manière qu’il y a un siècle, le rôle de l’État et de son administration doit être réapprécié à l’aune de ces évolutions. Le sens et les fonctions de l’État doivent être revisités en fonction de l’efficacité et de la qualité du service rendu aux destinataires finaux que sont les citoyens.
Le développement de la société civile organisée (les collectifs, les associations, les ONG…), la banalisation des technologies de l’information, le poids de la dette, la mondialisation, les nouvelles aspirations des citoyens sont autant de facteurs qui plaident pour une administration véritablement dédiée au service du public.
L’État doit être repensé dans cet objectif. Il ne saurait être une finalité en soi. Le citoyen doit être au cœur des préoccupations de l’État !
Le citoyen n’a plus vocation à être traité en usager, en simple utilisateur de services publics. La période où le citoyen était sensé s’exprimer et n’était pris en compte que lors des élections, est révolue. À cette posture d’une autre époque, doit se substituer celle plus respectueuse de l’individu, de sa diversité. Chaque femme, chaque homme, chaque citoyen, doit être désormais apprécié sous son prisme de propriétaire, de consommateur et d’employeur. En effet, chaque citoyen est copropriétaire de l’État et de ses biens mobiliers et immobiliers. Il a des droits. En tant que contribuable, il participe au financement des services dits d’intérêts généraux et a, de ce fait, droit à une qualité de service en conséquence. Il est par ailleurs employeur car il permet de rémunérer les femmes et les hommes qui œuvrent au sein des administrations. Les impératifs sont clairs :
Libérer les énergies pour stimuler un retour à la croissance ;
Diminuer le poids de la dette publique ;
Détecter et accompagner les secteurs d’avenir ;
Préserver la solidarité et affirmer l’impérieuse nécessité du bien commun.
En un mot, dépasser le stade légitime, mais néanmoins stérile, de l’indignation.
Envoyons enfin un message fort : « Rendez-nous l’État, écoutez-nous, nous n’avons plus seulement vocation à voter mais également à élire, sanctionner ». C’est un véritable retour à l’esprit du contrat social auquel aspirent les Peuples. L’avenir ne se constate pas, il s’écrit. Je nous encourage à être encore plus politique !