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EDITORIAL
À l’heure où démarre dans notre pays un débat national sur l’énergie tant attendu, il convient de rappeler qu’une économie, qu’un territoire ne peut pas rester compétitif avec des coûts énergétiques élevés.
Si l’on comprend la nécessaire préservation de l’environnement, la priorité donnée à la lutte contre le réchauffement climatique, l’on doit aussi prendre en compte l’impérieux besoin de disposer d’une énergie au plus faible coût possible.
Dans cet esprit, la maîtrise de l’énergie ne saurait se faire au détriment de l’efficacité économique!
Cette démarche, le gouvernement britannique semble l’avoir parfaitement entendue en présentant son projet de loi sur l’énergie. Le gouvernement de coalition Conservateurs / Libéraux démocrates a en effet renoncé à introduire dès à présent l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour le secteur électrique afin de laisser le temps à ses opérateurs de s’adapter aux exigences environnementales et d’assurer une visibilité du prix de l’énergie.
L’Europe, en décidant en 2009 de se fixer comme objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 80% à 95%, par rapport à 1990 et d’ici à 2050, mais aussi de garantir l’approvisionnement énergétique à long terme et de maintenir et d’accroître la compétitivité, s’est confectionné une feuille de route extrêmement ambitieuse.
Dans un contexte de crise budgétaire généralisée et de très forte concurrence, il importe désormais d’avancer avec discernement et d’éviter les excès de zèle inconsidérés, qui sacrifieraient la compétitivité européenne sur l’autel de la réduction des gaz à effet de serre. Par ailleurs, faut-il rappeler que l’Europe produit moins de la moitié de l’énergie qu’elle consomme, et donc sa très forte dépendance énergétique (53% constatés en 2010 et 65% estimés à l’horizon 2030) et son extrême difficulté à mettre en place une politique énergétique commune.
Le contexte de compétitivité globale est extrême, obligeant les acteurs économiques à se battre âprement en étant parfois contraints de délocaliser. Les raisons en sont connues: le coût de la main-d’œuvre, le niveau de taxation… Le coût de la facture énergétique pourrait devenir un autre argument d’incitation à l’expatriation industrielle.
Dans son rapport 2012, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) met parfaitement en lumière ce nouveau contexte de «consommation/compétition». Selon ses estimations, les États-Unis deviendraient en 2017, le premier producteur de pétrole au monde, devant l’Arabie Saoudite, et d’ici une dizaine d’années, ils n’auraient plus besoin d’importer de pétrole grâce au développement de technologies de pointe permettant notamment d’exploiter massivement les gaz de schiste! Toujours selon l’AIE, en 2030, le prix de l’électricité en Europe devrait être 50% plus élevé qu’aux États-Unis, en l’absence d’actions structurantes et cohérentes. Avec, dans certains États membres, la réduction – voire la suppression du nucléaire, l’attentisme – voire l’interdiction de l’exploitation des gaz de schiste, la volonté de réduire très fortement les émissions de CO2, etc., l’Europe n’est-elle pas en train de forger un handicap de compétitivité supplémentaire pour ses industriels et une ponction accrue sur le pouvoir d’achat de ses citoyens?
La question doit aujourd’hui être posée, sans tabou ni présupposé.Nous pouvons raisonnablement estimer – les faits l’imposent, l’avenir nous y oblige – que l’Europe doit mettre en place une politique commune de l’énergie au risque de se disqualifier économiquement et durablement.
Mais commençons par le commencement, etc:
• incitons d’abord les États membres à identifier les points de convergence sur lesquels ils pourraient mutualiser leurs efforts afin d’augmenter la cohérence et l’efficacité de leur politique énergétique;
• militons ensuite pour que l’Europe ne parle plus que d’une seule voix face aux États fournisseurs;
• faisons enfin de l’énergie une grande cause nationale et européenne au sein de laquelle les enjeux puissent être présentés et les réponses possibles identifiées clairement sans a priori idéologique.
• incitons d’abord les États membres à identifier les points de convergence sur lesquels ils pourraient mutualiser leurs efforts afin d’augmenter la cohérence et l’efficacité de leur politique énergétique;
• militons ensuite pour que l’Europe ne parle plus que d’une seule voix face aux États fournisseurs;
• faisons enfin de l’énergie une grande cause nationale et européenne au sein de laquelle les enjeux puissent être présentés et les réponses possibles identifiées clairement sans a priori idéologique.
C’est aussi en relevant ce défi et en y associant les peuples que l’Union démontrera qu’elle est véritablement au cœur de la dynamique européenne.
Michel DERDEVET, Maître de conférence à l’IEP, Professeur au Collège d’Europe de Bruges
Loïc TRIBOT LA SPIERE, Délégué général du CEPS