Les Parlementaires Européens et la situation en Libye

Les Parlementaires Européens et la situation en Libye

Vous le savez, le CEPS attache une importance particulière à l’intelligence collective et à l’actualité internationale. C’est en ce sens que nous avons confié à l’institut de sondage OpinionWay de réaliser une vaste enquête auprès des parlementaires européens sur l’évolution de la situation politique et sécuritaire en Libye, ainsi que sur l’état actuel des forces en présence.

Il nous paraissait important de rendre publics ces résultats et les grands enseignements qui en découlent.

Vous pourrez consulter l’ensemble de ces éléments ci-dessous

OpinionWay et CEPS – Les parlementaires européens et la situation en Libye – 24 juin 2021

 

 

QUELQUES ÉLÉMENTS DE PRÉCISION SUR LES TENANTS ET ABOUTISSANTS DE CETTE ENQUETE

La Libye est-elle – enfin – sur le chemin de la stabilisation, 10 ans après la guerre civile et l’opération militaire franco-britannique « L’Harmattan » ayant provoqué la chute du colonel Mouammar Kadhafi ?

Telle est, au fond, ce que les Libyens et la communauté internationale espèrent, alors que s’est mis en place, depuis février dernier, un gouvernement d’union nationale (GUN), étape préalable à des élections « inclusives » qui devraient se tenir en décembre prochain.

La Libye a toujours été un sujet d’intérêt et de préoccupation pour l’Union européenne, notamment ses États méridionaux, riverains de la mer Méditerranée (France, Italie, Grèce, Malte). Qu’il s’agisse de ceux intrinsèquement liés par leur histoire coloniale (Italie, GB…) ou par la concomitance de la menace terroriste et de la criminalisation du phénomène migratoire (Allemagne, France…), les États du continent européen et l’UE ont leur mot à dire sur les dynamiques sécuritaires et politiques en cours.

Ainsi, nous avons eu l’occasion de sonder les 705 parlementaires européens quant à leur perception de la situation et le rôle qu’ils entendent jouer, en vue de la stabilisation politique permise par le relatif respect du cessez-le-feu, acté en octobre dernier.

C’est la première fois qu’est réalisé ce type d’enquête. Ce questionnaire vient éclairer sous un nouveau jour la situation complexe et subtile à l’aune de la Conférence de Berlin 2 tenue le 23 juin dernier, dix ans après le renversement du Président Mouammar Kadhafi.

Ce sondage est particulièrement instructif à plus d’un titre. Il conforte ainsi l’idée que la normalisation institutionnelle et politique viendra, en Libye, d’une incarnation et personnification du pouvoir qui a été l’objet, jusqu’ici, de guerres fratricides entre Libyens et aussi – et peut-être surtout – d’importation des conflits d’acteurs extérieurs, qu’ils soient le fait de voisins ayant leur propre agenda libyen (Algérie, Égypte…) ; ou ceux qui subissent les conséquences et affres d’un conflit qui aura fait plusieurs dizaines de milliers de victimes et provoqué le départ de centaines de milliers de libyens de leur pays, depuis 2011, vers les pays limitrophes (Tunisie, Tchad, Niger, Soudan…) ; ou encore, d’acteurs impliqués plus éloignés faisant de la Libye, le théâtre d’opérations de leurs propres griefs géopolitiques. Il en va ainsi de la Turquie, qui se drape dans sa légitimité historique ottomane ; de la Russie, qui entend réaffirmer son agenda africain et méditerranéen ; des Émirats Arabes Unis en opposition aux frères musulmans qu’ils estiment avoir trusté le pouvoir à Tripoli. Le Qatar demeure, aussi, un acteur dont le rôle sur le plan de l’Islam politique est mis en exergue, également depuis le jeu de domino des « printemps arabes » de la fin 2010 et début 2011.

Parmi ainsi les grandes tendances que ce sondage met en exergue, celles de la lutte contre le terrorisme et les réseaux criminels – de la désespérance des milliers de migrants sub-sahariens désireux de traverser la mer Méditerranée – apparaissent nettement. Elles confirment aussi la nécessité pour l’UE de prendre en compte l’ardent désir des Libyens de s’approprier leur propre agenda, en mettant en lumière un leadership politique qui s’est ancré dans le paysage politique libyen.

Les parlementaires européens interrogés expriment une forte inquiétude à l’égard du contexte actuel, 81% le juge d’ailleurs très préoccupant. Pour retrouver une situation prospère, 58% des parlementaires estiment que les autorités doivent orienter leurs efforts sur la lutte contre le terrorisme.

L’Italie et la France sont perçues comme jouant un rôle positif dans ce pays (respectivement 61% et 56%), contrairement à la Turquie (65% pensent qu’elle joue un rôle négatif) ou à la Russie (60% pensent qu’elle joue aussi un rôle négatif). Les organisations internationales sont jugées peu actives sur la situation en Libye : tant pour l’Union Africaine, pour l’ONU que pour l’Union Européenne, plus de la moitié des parlementaires considèrent qu’elles ne jouent ni un rôle positif, ni négatif dans ce pays.

Pour autant, une large majorité des députés pensent que l’Union Européenne doit contribuer à la préparation de l’élection présidentielle en Libye (72%) et notamment de participer à son contrôle et à sa transparence (70%). Mais ils sont très divisés sur la capacité à l’organiser d’ici la fin de l’année : 47% n’y croient pas et 46% estiment que c’est possible. Si elle devait être organisée, les parlementaires souhaitent qu’elles soient la plus pluraliste possible : une majorité est favorable à ce que les quatre candidats potentiels testés (Fathi Bachagha, Le Maréchal Haftar, Aref Ali Nayed ou Saïf al-Islam Kadhafi) puissent se présenter.

Enfin, ils éprouvent des difficultés à porter un jugement sur ces candidats potentiels et leur capacité à juguler les difficultés du pays (terrorisme, immigration illégale ou réconciliation du pays) : entre un quart et la moitié n’ont pas d’avis sur ce point. Seul le Maréchal Haftar, du fait de sa position institutionnelle, semble être perçu par 60% comme un acteur majeur de la lutte contre le terrorisme.

 

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