Tous en scène !

Tous en scène !

par Francis Massé – Président de MDN Consultants, ancien haut-fonctionnaire, conférencier et auteur d’”Urgences et lenteur”, Deuxième édition, Fauves Éditions 2020.

 

Verdict clair Emmanuel Macron est réélu ! Désormais les citoyens doivent conserver la parole. Tous sur le devant de la scène démocratique !

Ce beau film documentaire « Tous en scène » de Serge Moati, je l’ai vu lorsque j’étais Directeur Général délégué à RFI. Et j’ai vu, à la fin de la projection, la sœur de l’ancien Premier ministre sortir de la salle, éplorée, et nous tous avec elle ; c’était il y a vingt ans.

Oui, 2002 fut un événement politique majeur mais nous n’avons rien appris depuis. Ni la droite ni la gauche n’ont appris ! Serge Moati, ancien conseiller de François Mitterrand a pu témoigner de ce qu’il avait ressenti à l’époque de l’attitude de Jean-Marie Le Pen, un homme qui incarnait une partie d’un peuple oublié. Ce n’est pas défendre les idées de l’extrême droite que d’évoquer ce sentiment vécu de relégation d’une partie de notre société. Vingt ans plus tard on a le sentiment que cette méconnaissance persiste. Pardon de citer « Le silence politique » mon premier livre écrit entre 1992 et 2000 année de sa publication, mais pour certains d’entre nous il n’y avait rien d’étonnant dans ce résultat que je devinais des urnes comme ce fut le cas lors de la crise sociale des gilets jaunes en 2018. Ce n’est pas donner raison à des révoltés quant aux solutions alors préconisées que de signaler que leur mouvement dénonce effectivement une fausse route de notre organisation sociale toute entière.

Mais désormais que le peuple a tranché ce 24 avril 2022 à la la majorité des suffrages exprimés il ne faut pas que le pouvoir commette la même erreur que celui de 2002 ! Gouverner comme si rien n’avait changé …

Ce n’est pas l’intention affichée par notre Président le 24 avril au soir au champ de Mars et il faut s’en réjouir. Mais rien ne sera facile !

Liberté, justice et prospérité, devront être les maîtres mots des 10 prochaines années dans notre pays décontenancé.

Il faut bien 10 ans et plus pour reconstruire une société équilibrée et plus harmonieuse basée sur la confiance. Car d’immenses défis sont devant nous et celui de la confiance est le plus difficile.

La classe politique nationale et territoriale, le patronat, les organisations syndicales et la haute fonction publique doivent se renouveler en profondeur. Un nouvel état d’esprit et une prise de conscience sont impératifs. C’est imparable ! Il ne faut pas rechercher des coupables mais des solutions.

Très certainement, Il nous faut forcer les évidences et invoquer l’esprit de finesse ; mais est-ce possible d’être encore compris par ceux qui sont persuadés d’avoir leur boussole, expression très usitée à notre époque et qui, à y bien réfléchir, ne veut strictement rien dire !

Être muni d’une boussole ne sert à rien si nous ne savons pas quel chemin emprunter. Or dans le débat électoral que d’aucuns ont trouvé terne – notamment les Médias qui n’y sont pas pour rien – il existait des idées ou des propos qui n’étaient pas sans intérêt d’où qu’ils provenaient. Une vision s’y dessinait par exemple :

  • Redonner de la fierté et de l’espoir aux classes populaires et aux classes moyennes avec un pouvoir d’achat reconstitué par le travail
  • Revivifier la démocratie avec des modes de participation remodelés et une représentation des citoyens fortifiée
  • Revisiter l’efficacité publique avec un service public au service des publics
  • Redynamiser le tissu économique par les trois piliers du développement durable
  • Etc…

Répétons-le, il s’agit de remettre de la liberté et de la justice dans tous les rouages de notre organisation sociale.

Dans la science contre le scientisme

Dans la gouvernabilité contre la technocratie

Dans la controverse contre le silence politique

Dans la performance globale (économique sociale/sociétale et écologique) contre le profit maximal

Dans un nouveau contrat social contre l’anomie

Dans une république numérique et monétaire contre les engrenages liberticides

Dans un futur humain contre le transhumanisme.

 

Voici ce qu’il faut faire sans se payer de mots, agir, faire, concrétiser, développer une culture du résultat … Comment faut-il le dire ?

Relisons en guise de conclusion ce que disait François Sureau sous la coupole lors de son discours de réception à l’Académie Française le 3 mars dernier : « Je ne sais ce que Max Gallo aurait pensé du moment où nous sommes, où la fièvre des commémorations nous tient, pendant que d’un autre côté le sens disparaît des institutions que l’Histoire nous a léguées : une séparation des pouvoirs battue en brèche, les principes du droit criminel rongés sur leurs marges, la représentation abaissée, la confusion des fonctions et des rôles recherchée sans hésitation, les libertés publiques compromises, le citoyen réduit à ne plus être le souverain, mais seulement l’objet de la sollicitude de ceux qui le gouvernent et prétendent non le servir mais le protéger, sans que l’efficacité promise, ultime justification de ces errements, soit jamais au rendez-vous ».

Fermer le menu
Share via
Copy link
Powered by Social Snap