Intéressement, Participation, Décentralisation

Intéressement, Participation, Décentralisation

par Maxime MauryProfesseur affilié à Toulouse Business School – Ancien directeur régional de la Banque de France

 

 

Je veux que les salariés deviennent des sociétaires 

(Charles de Gaulle, 24 mai 1968)

 

Intéressement, participation, décentralisation, voici les trois mots qu’il faudrait écrire en majuscules pour que les Français puissent se réapproprier la France. C’est ce que le général de Gaulle voulait faire en 1969; et c’est cette révolution pacifique qu’il faudrait lancer aujourd’hui pour guérir ce « Mal français » dont parlait déjà Alain Peyrefitte en 1976.

Le « Mal français » revêt deux composantes pernicieuses qui tendent à exclure les Français de la gestion de leur propre pays : nous avons l’État le plus centralisé d’Europe; par ailleurs nos entreprises associent peu les salariés au partage des fruits du travail pas davantage qu’à leur gestion.

Il en résulte un très haut niveau de défiance dans la société comme l’indiquent régulièrement les enquêtes d’opinion. Un sondage paru récemment montrait même que 70 % des Français pensaient que « la violence était le seul moyen pour régler leurs problèmes », chiffre qui correspond d’ailleurs au pic de soutien aux « Gilets jaunes » à fin 2018. Aucun autre pays européen n’est aussi pessimiste !

Passé l’élection présidentielle, nous risquons une explosion sociale.

Comment permettre aux Français(e)s de se réapproprier pacifiquement leur pays et de ne pas avoir le sentiment désespérant de toujours compter pour rien ?

Si le pouvoir d’achat doit être au cœur de la campagne (alors même qu’il n’a jamais baissé en dépit de l’endettement ininterrompu de notre État), la façon la plus pertinente de répondre aux salariés serait de les associer directement aux résultats des entreprises.

Depuis deux ans, les rémunérations des patrons du CAC 40 se sont envolées ainsi que les dividendes. Celles des journalistes-vedette et des footballeurs également. Selon le Conseil d’Analyse Économique auprès du Premier ministre, les inégalités de patrimoines sont revenues au niveau de ……1910.

Le meilleur moyen de relancer directement le pouvoir d’achat sans dégrader la compétitivité parce que précisément c’est un système indexé sur les performances, c’est bien l’intéressement et la participation. Cette orientation n’oblige pas à se contorsionner pour savoir comment financer les hypothétiques baisses de charges destinées à abonder le salaire net. Il est franc et direct et ne crée pas de trappe à bas salaires.

L’intéressement et la participation doivent être généralisés à toutes les entreprises de plus de 10 salariés. Leurs montants doivent être sensiblement augmentés. Au-dessous de ce seuil, il faut instaurer une prime de bilan forfaitaire liée à l’existence d’un résultat.

Au-dessus de 500 salariés, les distributions d’actions aux salariés doivent devenir systématiques en se donnant l’objectif de 10 % du capital pour les sociétés les plus importantes.

La participation des salariés dans les instances dirigeantes des entreprises doit être également repensée dans ce sens.

L’autre façon indissociable de restaurer la citoyenneté est la décentralisation.

Nous avons, depuis 2016, des régions de dimension européenne, mais toutes réunies elles ont un budget inférieur à celui de la Catalogne ou de la Rhénanie-Westphalie. Nous ne leur avons donné aucun nouveau pouvoir. Les collectivités territoriales en général n’ont plus de fiscalité autonome et ne vivent que des dotations de l’État. Cette situation n’est pas tenable.

Aux régions, déjà chargées de l’accompagnement des entreprises (dont plus d’une sur deux ne trouve pas la main -d’œuvre recherchée), il serait logique de confier le Pôle emploi, la formation et l’apprentissage. Proches des entreprises et des filières de formation, elles mettront en œuvre les politiques de l’emploi les plus efficientes et maximiseront les embauches. L’État doit apprendre à déléguer !

Aux régions secondées par les Agences régionales de santé ( ARS) confions également une expérimentation conduisant à une gestion plus autonome de nos hôpitaux saturés et impliquant davantage dans la direction les personnels soignants.

Pour débureaucratiser la France, allons dans le sens d’une plus grande autonomie et responsabilité en nous appuyant sur nos collectivités territoriales qui sont aimées des Français. Pour l’emploi, pour la santé, pour l’éducation. Pour réduire l’administration administrante qui ruine nos finances publiques.

Et pour réussir ces réformes majeures, redonnons la parole au peuple français par la voie référendaire comme l’a si souvent fait le général de Gaulle avec l’ambition de prendre une orientation claire et droite pour sauver la France du marasme et de l’appauvrissement relatif dans lesquels elle s’enlise.

 

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