Bonne résilience 2022

Bonne résilience 2022

par Maxime MauryProfesseur affilié à Toulouse Business School – Ancien directeur régional de la Banque de France

 

« Il faut empêcher que le monde se défasse. »

( Albert Camus)

 

Bonne année 2022 aux membres du CEPS et à celles et ceux qui nous lisent.

J’avais prévu, dans cette première chronique de l’année, de vous parler des propositions que notre think tank fera aux candidat(e)s à l’élection présidentielle.

J’y renonce temporairement car la campagne va s’effacer devant la situation d’urgence sanitaire qui place au premier plan l’impératif de résilience collective.

Avec un virus dix fois plus contagieux selon l’OMS (et dont les souches se développent 70 fois plus vite dans les premières heures de l’infection !), on estime que 2 millions de Français seront contaminés simultanément au pic de la sixième vague. Et même si les hospitalisations pourraient être deux fois moins nombreuses par contamination, l’effet de souffle de la contagiosité l’emportera largement sur la moindre dangerosité d’Omicron.

Soit arithmétiquement : x 10 x 0,5 = 5 fois plus de malades potentiellement à niveau de vaccination égal. Et donc de très nombreux arrêts de travail, voilà les données qui défient notre résilience collective en ce début d’année.

Heureusement, nous avons prouvé en quelques semaines notre capacité à accélérer la vaccination de masse puisque 30 millions de Français ont accédé au rappel entre le 9 novembre et Noël. Mutatis mutandis, toute la population française pourrait donc être vaccinée avec rappel avant la fin février. Ce qui mettrait à l’abri plus d’un million de personnes à risque qui ne viendront pas encombrer l’hôpital.

Le salut collectif est là !

Les extrémistes-démagogues qui encouragent les réfractaires seront lourdement désavoués par l’opinion publique.

Mais d’ici là il faut absolument que nos infrastructures et nos réseaux tiennent le coup comme l’a rappelé, le 23 décembre, le Conseil scientifique du professeur DELFRAISSY.

La question à laquelle chacun(e) de nous doit donc répondre de toute urgence est :

« Comment mon entreprise, mon organisation fonctionnera-t-elle avec 20, 30 voire 50 % d’effectif en moins ? »

La plupart de nos grandes entreprises ont leurs propres plans de résilience élaborés depuis des années. Il faut urgemment les actualiser. Il s’agit d’assurer des services minimums en mode dégradé en faisant l’hypothèse d’un absentéisme hors normes. Pour assurer la résilience collective, garantir à nos concitoyens l’approvisionnement en eau, nourriture, énergie et produits essentiels.

Et éviter une désorganisation systémique.

Au premier rang, l’hôpital qui va évoluer en extrême tension avec des pathologies hors covid qui seront mal soignées. La solution d’urgence est dans la fusion des lits avec le secteur privé et dans la mobilisation de réservistes de santé jusqu’au rappel de personnes retraitées.

Et il faudra tôt ou tard exiger que les personnes non vaccinées se confinent. D’où le pass vaccinal.

Au second rang, le transport-logistique qui est composé de multiples petites et moyennes entreprises qui n’ont pas toutes leurs plans de résilience. Comme en mars 2020, son maintien à flot assurera notre approvisionnement. Il faudra peut-être le soutenir en mobilisant des réservistes des forces de défense et de sécurité pour fournir les chauffeurs manquants.

Au troisième rang, la maintenance de nos centrales nucléaires qui constitue un enjeu stratégique vital. Leurs plans de résilience seront-ils compatibles avec le niveau d’absentéisme prévisible ?

Dans tous les secteurs vitaux, la vaccination devra devenir obligatoire.

L’absentéisme au travail va battre des records inédits à partir de la mi-janvier et chacun (e) dans son environnement personnel, familial ou associatif devra construire sa propre résilience en aidant les autres.

L’épreuve peut nous désunir ou renforcer nos liens. Moins que jamais l’intérêt collectif ne sera la somme des intérêts particuliers.

Cette épreuve impactera profondément l’élection présidentielle. Elle peut donner une prime au sortant et réduire les positions extrémistes. Mais le sortant sera plus que jamais challengé sur sa capacité à assurer la continuité du pays et à prévoir.

Le gouvernement devra prendre de nouvelles mesures sanitaires et surtout faire un gros effort d’anticipation fondé sur des modèles de prévision, et non de simple adaptation intuitive.

Il n’est pas complètement certain que l’élection présidentielle puisse se tenir à bonne date. Une loi constitutionnelle pourrait éventuellement la reporter.

Une nouvelle étape se dessinera au début de l’été avec la diffusion d’un nouveau vaccin et de traitements plus efficaces. Mais la fin de la pandémie ne pourra intervenir dans un seul pays comme le rappelle régulièrement l’OMS. Elle passe par la levée des brevets et la mutualisation de la production des vaccins ( ou des traitements) au profit de l’humanité tout entière.

Le retournement de l’épidémie en Afrique du sud pourrait même permettre d’espérer le meilleur : à la violence de la contagion pourrait s’opposer une immunité collective prestement acquise qui mettrait fin à l’épidémie dans sa forme la plus virulente.

Ce serait la bonne surprise de 2022.

 

 

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