Vers un capitalisme de « co-construction » ?

 

Depuis quelques années, l’on constate la volonté des actionnaires d’intervenir de plus en plus dans le « débat d’entreprise » entre autres lors des Assemblées générales, voire de s’opposer très fortement aux orientations et actions prises par les dirigeants en place.

L’exigence d’information, la volonté d’être mieux écoutés, et de voir prises en compte leurs attentes, caractérisent désormais ces nouveaux actionnaires.

Si l’actionnariat salarié tel que souhaité le plus souvent par les dirigeants, visait à intéresser et mobiliser les salariés, et dans certains cas à en faire une arme anti-OPA, ces derniers ne concevaient cependant pas que les salariés actionnaires puissent pouvoir participer à la dynamique de l’entreprise. Cette perception faussée a longtemps donné l’impression, qu’il n’était que le « prolongement du management » : comme si les salariés étaient des actionnaires non propriétaires !

L’initiative prise récemment par des représentants du syndicat CFE-CGC Orange1 , par ailleurs Membres du Conseil de surveillance du fonds Orange Actions2 , est particulièrement novatrice et doit, à ce titre, être mise en lumière. Leur proposition argumentée, étayée et qui tranche avec la perception habituelle que l’on peut avoir d’un syndicat, de l’image et du rôle que peuvent mener les représentants des actionnaires salariés, on l’aurait volontiers vue émaner d’un fond d’investissement actionnaire. Leur suggestion hautement stratégique qui visait à proposer un rapprochement/acquisition entre Orange et Atos surprend par son ampleur.

Augure-t-elle d’une nouvelle ère du capitalisme où les partenaires sociaux, les actionnaires salariés, en s’adressant directement aux Membres du Conseil d’Administration et à son Président en exercice, s’inviteraient plus que par le passé dans la vie de l’entreprise et de son développement économique ? Les entreprises, les associations, mais aussi les syndicats, ayant vocation à évoluer sur leurs métiers et leurs modes d’actions, le monde économique et social se déclinera-t-il différemment dans les années qui viennent ?

Sans aucun doute cette initiative va faire date ! Méditons dès lors cette avancée qui devrait très certainement en annoncer d’autres !

Loïc TRIBOT LA SPIERE

Délégué Général CEPS

1 La CFE-CGC Orange est le premier syndicat du groupe Orange avec 27% de représentativité toutes catégories de personnels confondus dans le cadre d’une participation aux élections de plus de 70%.

2 Le FCPE (Fond Commun de Placement Entreprise) Orange Actions, exclusivement détenu par les personnels et anciens personnels possède 5,6% du capital et près de 9,5% des droits de vote.

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