“L’après-crise sanitaire, entre renouveau et tension. Quels enseignements tirer ? Quelles perspectives d’avenir envisager ?”

 

 

 

L’avenir sera différent. Nous allons vivre autrement et les temps heureux continueront d’exister, mais ne seront plus les mêmes : le toucher deviendra-t-il tabou ? Que deviendront les restaurants, les bureaux, les centres commerciaux ? Pourra-t-on encore danser ? Que de questions simples !

Notre société (le gouvernement, la santé, les soins, l’économie, nos modes de vie et bien d’autres choses encore) va évoluer et nous allons être obligés de modifier notre conception même du « changement ». Notre vision du possible s’est d’ores et déjà altérée.

Le changement s’effectuait dans le cadre de paramètres existants, définis par nos institutions, par notre système économique libéral et par un individualisme excessif. Mais le coronavirus ne s’attaque pas seulement aux voies respiratoires. Comme la Révolution française, la Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale, le virus a le potentiel d’infecter les fondements de notre existence… En bien : nous allons dire au revoir à notre société de frivolité et de suractivité.
Moins de polarisation en politique ; une plus grande solidarité ; une meilleure fonctionnalité nationale ; une appréciation renouvelée du plein air et d’autres plaisirs simples de la vie : Mère Nature a actionné le bouton ‘réinitialisation’ !
Et si l’heure était venue de renouer avec l’entraide et l’esprit communautaire ? Et si le moment était arrivé de redonner de l’importance aux petites villes et de favoriser l’élan des PME ?

Des règles que nous avons respectées depuis des décennies vont changer : tant de choses que politiques et élus nous ont longtemps dit être impossibles et peu réalistes, vont devenir possibles. Dorénavant, nous allons voir que les codes et habitudes sous lesquelles nous avons vécu n’étaient souvent pas nécessaires et rendaient la société plus fragile et inégale.

Cela me rappelle le livre L’Imprécateur de René-Victor Pilhes. Ce roman raconte l’histoire d’un combat étrange entre des forces inconnues, mystérieuses, irrationnelles, occultes, et ce que le monde occidental a de mieux, de plus moderne, de plus exemplaire : ses organisations technologiques, financières, administratives et économiques, déployées globalement partout dans le monde.
Dans la hiérarchie des valeurs et des exemples, les « managers », les chefs de la « guerre économique mondiale » ont remplacé les instituteurs, les prêtres, les artistes, les militaires, les philosophes et les serviteurs de l’Etat. Or, voici que dans l’entreprise de L’Imprécateur, ces élites arrogantes et vaniteuses se trouvent confrontés à une situation et un problème inconnus d’eux et dont aucun maître ne leur a jamais parlé dans leurs écoles.

Nous étions devenus peu sérieux. Nous n’avions plus à nous préoccuper de choses qui jadis focalisaient nos esprits – la guerre nucléaire, les pénuries de pétrole, la montée en flèche des taux d’intérêt. C’était le luxe que nous offraient la paix, la richesse et la technologie. Le traumatisme de la pandémie remettra en cause notre culture de consommation de masse.

Mais entre ces deux mondes, l’ancien et le futur, nous risquons de connaître une période économiquement difficile et socialement explosive. Notamment si les mesures mises en place pour contenir le fléau sanitaire détruisaient massivement les emplois, conduisant des millions de chômeurs à se transformer en émeutiers.

Pour conclure, voici un extrait de la Confession d’un Enfant du Siècle d’Alfred de Musset, “Derrière eux un passé à jamais détruit s’agitait encore sur ses ruines… Devant eux l’aurore d’un immense horizon, les premières clartés de l’avenir… Et entre ces deux mondes quelque chose de semblable à l’Océan… Une mer houleuse et pleine de naufrages, traversée de temps en temps par quelque blanche voile lointaine ; le siècle présent en un mot, qui sépare le passé de l’avenir, qui n’est ni l’un ni l’autre et qui ressemble à tous les deux à la fois, et où l’on ne sait, à chaque pas que l’on fait, si l’on marche sur une semence ou un débris”.

 

Par Philippe BOURGUIGNON,
Vice-Président Directeur Général
REVOLUTION

 

 

 

 

 

 

 

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