Fractures…

 

Matin de déconfinement, moment propice pour faire le point. La crise a révélé, approfondi, souligné des fractures ; quelquefois gigantesques, la plupart révélatrices, certaines irréparables.

Fracture entre les confinés au large (entre maison et jardin, entre terrasses et balcon) et les familles nombreuses confinées à l’étroit dans leur HLM.

Fracture entre ceux qui (les autorités étant incapables de le dire clairement) ont fini par comprendre que les masques étaient avant tout destinés à protéger les autres et non pas à se protéger soi-même, et ceux qui … décidément n’ont rien compris, et n’en mettent toujours pas !

Fracture entre ceux qui, jouant le « jeu » de la solidarité sanitaire, s’imposent les gestes barrière et ceux qui, foutraques inconscients et criminels, confondent liberté et libertarisme.

Fracture entre ceux qui ont compris (ou pas) que la « distanciation sociale » (« référentiel rebondissant » des temps de COVID) n’était pas une nouvelle forme de la lutte des classes mais une distance réelle qui se mesure (1 m = 100 centimètres)

Fracture entre les métropoles compactes attaquées de front par le virus et les causses lozériens quasiment épargnés.

Fracture entre les enfants de parents pédagogues sur-équipés d’écrans et les délaissés de la « France apprenante » ni équipés ni câblés ni fibrés.

Fracture entre les pas trop vieux encore solides (ont-ils été privilégiés pour l’accès aux respirateurs ?) et les vieux (très) fragiles, les ephad-isés.

Fracture entre ceux qui, au front, ont travaillé 20h de plus par semaine (livreurs, infirmières, certaines PME) et ceux qui ont travaillé 20h de moins, à l’abri discret du confinement.

Fracture entre ceux qui -évidemment- ne prendront pas de congés cet été (comment financer l’explosion des aides sociales s’il n’y a plus d’entreprises et de salariés en activité pour payer les impôts), et ceux qui -évidemment- poseront tous leurs jours (un jour perdu ne se rattrape pas).

Fracture entre les cliniques privées (écartées du dispositif pour d’obscures -ou de trop claires- raisons) et les hôpitaux publics (célébrés pour de vraies raisons, et souvent engorgés pour de mauvaises).

Fracture entre ceux des télétravailleurs qui ont pu lever le pied sans que quiconque ne s’en rende vraiment compte, et ceux dont la vie privée a été rongée par les « calls » et les visios à toute heure du jour (et quelquefois de la nuit).

Fracture entre les immobiles (sédentaires, administratifs, agents publics …) et les mobiles (chauffeurs, livreurs, voyageurs, itinérants et nomades des temps modernes).

Fracture entre les chômeurs partiels (quelle drôle idée que d’appeler partiel un chômage total) et les télétravailleurs totaux, enchaînés à l’Internet.

Fracture entre les pragmatiques laissant au bon sens et à la science des médecins le soin de prescrire (ou pas) la fameuse chloroquine, et les dogmatiques pour qui il vaut mieux mourir faute d’un traitement autorisé que guérir d’un médicament interdit.

Fracture entre les universalistes (la démocratie impose un traitement uniforme de tous les territoires d’une république érigée en système) et les casuistes (pourquoi appliquer à la Corse la même réglementation qu’en Alsace… ?)

Fracture entre ceux qui, attendant tout de l’Etat, ont été les plus prompts à dénoncer ses tâtonnements et ceux qui sollicités par l’Etat pour agir « en proximité » exigent immédiatement moyens et protection juridique

Fracture entre ceux qui ne sachant pas grand-chose ont agi tout de même, et ceux qui sachant tout n’ont pas fait grand-chose…

Entre les pessimistes dont je suis entouré et les optimistes plus rares !

Catherine de Médicis n’avait-elle pas dit, face à d’autres fractures, « … maintenant il faut recoudre ! ». A la réduction de ces fractures il faudra donc sans tarder … s’atteler !

 

Par Jacques GODRON,
Président des entreprises
GRAND PARIS
Co président
CERCLE COLBERT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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