De la crise sanitaire à la crise économique, comment relever le défi d’une société solidaire et apaisée ?

 

 

 

Il va falloir apprendre à penser autrement. Dans le temps d’avant, nos modes de pensées ont été fondées sur des calculs de probabilité adaptés aux phénomènes prévisibles. L’imprévisibilité de la crise sanitaire que traverse notre planète défie tous les experts mais pas l’auteur du livre « Le cygne noir » . La crise actuelle contredit tous les scénarios de nos experts et ressemble au cygne noir découvert en Australie. Le choc, voire la sidération initiale provoquée par la situation, impose une adaptation qui teste la résilience des individus, de la société, de la nation. Si la crise économique est déjà là, elle n’est pas prête d’atteindre son pic et nul expert affirme aujourd’hui détenir la vérité sur ses conséquences. Les semaines de confinement passées et à venir ont commencé à nous apprendre à nous recentrer sur nos besoins vitaux, à ressentir au plus profond ce qui est le plus humain en nous : survivre et s’entre-aider. On (re) découvre ses voisins, propose de les aider, d’échanger. Un vent apparent de cohésion (plus de CGT, de gilets jaunes et de grève sur les écrans : quel bonheur) et une absence d’images en continue de violences de rue ou de scènes de black block cassant tout sur leur passage, renvoient à une société qui se découvre solidaire, apaisée, soucieuse des plus fragiles, prête à aider son prochain ou à lancer une initiative citoyenne pour passer le temps long de ce confinement. Les gestes de solidarité se multiplient et les média jouent le jeu en relayant très largement des images d’une société aidante avec les inévitables prismes déformants du zoom médiatique. Est-ce durable ? Nous ne vivrons plus comme avant car la crise sanitaire va se doubler de crises économique, financière, sociétale et nul n’en connaît sa fin. La crise économique est là, s’installe et va progressivement monter en puissance, redonnant de la vigueur aux oubliés de la société et à ceux qui ont tout perdu ou se sentent abandonnés. Les drames économiques seront le prochain sujet. Le défi sera de transformer ce vent de solidarité en un mouvement durable. Les technocrates vont devoir rentrer en confinement pour laisser la place aux acteurs de terrain et aux vrais connaisseurs de la société. Si la crise économique se double d’une crise financière systémique, on peut redouter le pire et l’image (réelle?) d’une société solidaire pourrait rapidement voler en éclats en se muant en une société du chacun pour soi. Nous sommes en guerre. Notre Président nous a prévenu.

Général Laurent Tavel
Général adjoint au Major Général
DGGN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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