Numéro 41: L’EUROPE DE L’ENERGIE

Numéro 41: L’EUROPE DE L’ENERGIE

PROSPECTIVE STRATEGIQUE – SOMMAIRE
N. 41, 4e trimestre 2012 – L’Europe de l’énergie
 
 
ÉDITORIAL  (lire en bas de page)                                                                                                                                     
Loïc TRIBOT LA SPIÈRE, directeur de la publication
Michel DERDEVET, maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris
 
IDÉE EN MARCHE MARCHÉ AUX IDÉES
Nicolas ARPAGIAN, rédacteur en chef de la publication
 
BOUSSOLE
Quelle politique énergétique pour la France ?
Le regard croisé de Claude GATIGNOL, député honoraire, ancien député UMP de la Manche, et Christian BATAILLE, député PS du Nord
 
TENDANCES
Les Français et l’énergie : prêts pour la transition écologique ?
Directeur général adjoint – OpinionWay                                                                                              
 
PAGES BLANCHES
L’Europe peut-elle construire une politique énergétique ?
Bernard BIGOT, administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives – CEA
Des infrastructures énergétiques au service d’une Europe décarbonée
Catherine TRAUTMANN, membre suppléante de la Commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie – Parlement européen
Quelle politique énergétique pour l’Europe ? Avec quels partenaires ?
Günther ŒTTINGER, commissaire européen à l’énergie
 
PRISME
POINT DE VUE
Allemagne : Le tournant énergétique
Hanspeter GASSMANN, ancien chef de la division Industrie – OCDE
 
EXPERTISE
Quelle place pour les énergies fossiles et l’évolution du mix énergétique
Christophe de MARGERIE, président-directeur général – Total
Les investissements requis pour un mix énergétique diversifié et équilibré
Jean-François CIRELLI, vice-président, directeur général délégué – GDF Suez
Un réseau de transport d’électricité interconnecté pour plus de sécurité et une utilisation optimisée des ressources énergétiques
Dominique MAILLARD, président du directoire – RTE
 
PERSPECTIVE
Cinq challenges pour l’industrie photovoltaïque
Bernard BIRCHLER, partner et Éric CIAMPI, associate partner – Oliver Wyman
Quels enjeux prospectifs pour les projets solaires ? Le cas du projet Desertec
Emmanuel AUTIER, associé en charge des utilities, et Jean-Michel HUET, directeur associé en charge des pays émergents – BearingPoint
 
IMPRESSIONS D’AILLEURS
Les réseaux interconnectés : le fondement de toute politique de l’énergie en Europe
Daniel DOBBENI, président du European Network of Transmission Systems for Electricity – ENTSO-E
Energy: everything in question!
Nuno RIBEIRO DA SILVA, ancien secrétaire d’État à l´Énergie, président de ENDESA PORTUGAL
 
HORIZON
L’art inuit : Art et Survie
Maryse SARAUX, Galerie Art Inuit Paris

 

EDITORIAL
À l’heure où démarre dans notre pays un débat national sur l’énergie tant attendu, il convient de rappeler qu’une économie, qu’un territoire ne peut pas rester compétitif avec des coûts énergétiques élevés.
Si l’on comprend la nécessaire préservation de l’environnement, la priorité donnée à la lutte contre le réchauffement climatique, l’on doit aussi prendre en compte l’impérieux besoin de disposer d’une énergie au plus faible coût possible.
Dans cet esprit, la maîtrise de l’énergie ne saurait se faire au détriment de l’efficacité économique!
Cette démarche, le gouvernement britannique semble l’avoir parfaitement entendue en présentant son projet de loi sur l’énergie. Le gouvernement de coalition Conservateurs / Libéraux démocrates a en effet renoncé à introduire dès à présent l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour le secteur électrique afin de laisser le temps à ses opérateurs de s’adapter aux exigences environnementales et d’assurer une visibilité du prix de l’énergie.
L’Europe, en décidant en 2009 de se fixer comme objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 80% à 95%, par rapport à 1990 et d’ici à 2050, mais aussi de garantir l’approvisionnement énergétique à long terme et de maintenir et d’accroître la compétitivité, s’est confectionné une feuille de route extrêmement ambitieuse.
Dans un contexte de crise budgétaire généralisée et de très forte concurrence, il importe désormais d’avancer avec discernement et d’éviter les excès de zèle inconsidérés, qui sacrifieraient la compétitivité européenne sur l’autel de la réduction des gaz à effet de serre. Par ailleurs, faut-il rappeler que l’Europe produit moins de la moitié de l’énergie qu’elle consomme, et donc sa très forte dépendance énergétique (53% constatés en 2010 et 65% estimés à l’horizon 2030) et son extrême difficulté à mettre en place une politique énergétique commune.
Le contexte de compétitivité globale est extrême, obligeant les acteurs économiques à se battre âprement en étant parfois contraints de délocaliser. Les raisons en sont connues: le coût de la main-d’œuvre, le niveau de taxation… Le coût de la facture énergétique pourrait devenir un autre argument d’incitation à l’expatriation industrielle.
Dans son rapport 2012, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) met parfaitement en lumière ce nouveau contexte de «consommation/compétition». Selon ses estimations, les États-Unis deviendraient en 2017, le premier producteur de pétrole au monde, devant l’Arabie Saoudite, et d’ici une dizaine d’années, ils n’auraient plus besoin d’importer de pétrole grâce au développement de technologies de pointe permettant notamment d’exploiter massivement les gaz de schiste! Toujours selon l’AIE, en 2030, le prix de l’électricité en Europe devrait être 50% plus élevé qu’aux États-Unis, en l’absence d’actions structurantes et cohérentes. Avec, dans certains États membres, la réduction – voire la suppression du nucléaire, l’attentisme – voire l’interdiction de l’exploitation des gaz de schiste, la volonté de réduire très fortement les émissions de CO2, etc., l’Europe n’est-elle pas en train de forger un handicap de compétitivité supplémentaire pour ses industriels et une ponction accrue sur le pouvoir d’achat de ses citoyens?
La question doit aujourd’hui être posée, sans tabou ni présupposé.Nous pouvons raisonnablement estimer – les faits l’imposent, l’avenir nous y oblige – que l’Europe doit mettre en place une politique commune de l’énergie au risque de se disqualifier économiquement et durablement.
Mais commençons par le commencement, etc:
• incitons d’abord les États membres à identifier les points de convergence sur lesquels ils pourraient mutualiser leurs efforts afin d’augmenter la cohérence et l’efficacité de leur politique énergétique;
• militons ensuite pour que l’Europe ne parle plus que d’une seule voix face aux États fournisseurs;
• faisons enfin de l’énergie une grande cause nationale et européenne au sein de laquelle les enjeux puissent être présentés et les réponses possibles identifiées clairement sans a priori idéologique.
C’est aussi en relevant ce défi et en y associant les peuples que l’Union démontrera qu’elle est véritablement au cœur de la dynamique européenne.
Michel DERDEVET, Maître de conférence à l’IEP, Professeur au Collège d’Europe de Bruges
Loïc TRIBOT LA SPIERE, Délégué général du CEPS

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