Les médias doivent promouvoir davantage les bénéfices de la e-santé

Par Olivier GRYSON 

Les médias ne cessent d’alerter sur le risque de dérive d’une mauvaise utilisation des données de santé. On ne compte plus en effet le nombre d’articles et autres émissions de télévision nous mettant en garde contre l’assureur machiavélique, le Google « Big Brother », ou encore le pirate rançonneur russe, tous susceptibles d’utiliser vos données de santé à vos dépends. Certains tentent timidement d’appeler à l’ouverture des données de santé de la Sécurité Sociale et du système hospitalier en expliquant que ce trésor permettra d’aider la recherche. Mais les propos restent théoriques et les exemples peu nombreux.
  
Qui serait assez fou pour offrir dans ces conditions les indicateurs les plus intimes de son organisme ? Aux questions « Pourquoi donnerais-je mes données de santé ? Que vont-ils en faire ? » il convient surtout de répondre à la question « Quel est mon intérêt à moi ? ». 
 
Or la e-santé, malgré l’incroyable potentiel qui apparaît au fil des publications scientifiques ne pourra jamais s’imposer comme une véritable voie d’innovation médicale sans un accès facilité aux données de santé et donc tant qu’il n’aura pas été expliqué à chaque patient, à chaque individu, ce qu’il va gagner personnellement à partager ses données. 
 
Il est donc essentiel de communiquer positivement autour des avancées dans la e-santé avec des exemples très concrets. 
 
C’est ainsi qu’en juin dernier, un médecin français, le Professeur Fabrice Denis a présenté les incroyables résultats de son application mobile Moovcare qui permet de mieux suivre le patient souffrant d’un cancer du poumon de stade avancé. Cet algorithme qui analyse les symptômes de chaque patient permet de gagner du temps et d’adapter au mieux la thérapie. Or l’étude présentée a permis de démontrer une amélioration de la survie de 7 mois, des résultats révolutionnaires en oncologie. Peu de médicaments anticancéreux peuvent en effet se vanter de disposer d’une telle efficacité dans ce type de cancer.
 
Il existe d’autres exemples du même acabit dans la prise en charge de maladies cardiovasculaires comme l’insuffisance cardiaque. Le suivi de patients grâce à des dispositifs numériques et des algorithmes appropriés a permis de diminuer très fortement la mortalité et les ré-hospitalisations. Et ce n’est que le début !
 
Si les exemples sont nombreux et partiellement relayés dans le monde médical, il est regrettable qu’ils ne s’inscrivent pas dans une tendance médiatique grand-public durable visant à rassurer sur l’extraordinaire potentiel de l’utilisation des données de santé. 
 
Il y a urgence à médiatiser et promouvoir les succès de la e-santé car ils existent. A défaut de le faire, nous risquons de voir se mettre en place un cadre de protection des données personnelles et médicales tellement restrictif – car davantage alimenté par des craintes que des ambitions – qu’il inhibera des initiatives médicales innovantes et privera les patients de chances supplémentaires.
 
Olivier GRYSON
Contribution personnelle
Membre du CEPS et Conseiller du Club E-Santé 
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