Avis de tempête prévisible !

Par Loïc TRIBOT LA SPIERE, Délégué général du CEPS
 
L’effondrement plus ou moins prévisible du cours du pétrole n’a pas cependant, ce qui est surprenant, amené un certain nombre d’Etats significativement dépendants de la rente pétrolière à anticiper cette tendance (Algérie, Angola, Equateur, Nigéria, Venezuela…).
 
La lente mais inexorable chute du cours, qui a fait passer le prix du baril de 200 dollars en 2010 à près de 35 dollars aujourd’hui, a été bien souvent constatée et subie par ces Etats, sans déboucher sur de profonds changements. Ces pertes de recettes ont et auront des conséquences profondes voire dramatiques pour ces Etats qui, par absence de clairvoyance, n’ont pas su, ou pas voulu par facilité comprendre qu’une économie digne de ce nom ne pouvait dépendre de manière prépondérante d’un seul secteur d’activités aussi rentable fut-il ! En ce sens, l’Algérie devrait voir fondre ses recettes (de 2014 à 2016, de 58 milliards de dollars à 22 000 milliards de dollars). L’Arabie saoudite a vu son déficit budgétaire s’établir à environ 20 % de son PIB en 2015.
 
Cette tendance à la baisse devrait s’accentuer avec l’accroissement de la production du pétrole de schiste, la surabondance des stocks saoudiens et américains (désormais premiers producteurs au monde) …
 
Par ailleurs, la décision prise par l’OPEP, le 4 décembre 2015 à Vienne, de maintenir le niveau de production actuel, ne devrait qu’accroître ce phénomène. On peut raisonnablement envisager en 2016 un cours à 30 dollars le baril voire en deçà.
 
Beaucoup de ces Etats « irresponsables » devraient connaitre une très forte période de tension économique, sociale, avec à la clef une augmentation très significative du coût de la vie voire traverser une période d’instabilité politique profonde. Dans bien des cas, en effet, ces Etats à défaut de s’atteler à la modernisation et à la diversification de leur économie avaient pris le parti d’orienter une partie de la vente de la rente énergétique vers des actions ayant pour objectif d’assurer au quotidien « la paix sociale ». L’effondrement des cours ont et vont contraindre ces Etats à les remettre en cause (notamment les subventions de première nécessité, carburant, eau, électricité…).
 
Au mieux, on ne peut que souhaiter que leurs dirigeants en tirent enfin les conséquences qui s’imposent et se comportent désormais en responsables politiques « professionnels » ! 
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